Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre
La cathédrale Saint-Pierre de Saint-Flour, située au cœur de la ville sur la place d'Armes bordée d'arcades, est l'une des quatre cathédrales d'Auvergne et siège du diocèse de Saint-Flour (Cantal). Consacrée en 1095 par le pape Urbain II, l'édifice primitif n'en laisse aucun vestige en élévation ; l'actuelle cathédrale, construite entre 1396 et 1466, a été élevée sur l'emplacement d'une ancienne basilique romane. L'église, de style gothique flamboyant, est décrite comme composée de trois nefs sans transept, tandis que l'intérieur est parcouru de lignes verticales et doté, selon d'autres descriptions, de cinq nefs étroites dirigées vers la lumière. Le matériau dominant est la pierre volcanique, la lave noire de Liozargues, qui lui donne une teinte sombre et une allure de forteresse avec ses deux tours carrées massives. Le parvis se situe à 892 m d'altitude, ce qui fait de cette cathédrale, pour cette situation, la plus haute d'Europe. Les dimensions indiquées sont une longueur totale de 65 m, une largeur de 24,60 m, une longueur du vaisseau principal de 44 m, une hauteur de nef centrale de 16,50 m et une hauteur des tours de 35 m.
L'histoire diocésaine se précise au Moyen Âge : une première cella pour les reliques de Florus est attestée par une bulle du pape Grégoire V à la fin du Xe siècle, Odilon de Mercœur fonde le prieuré de Saint-Flour et construit une basilique romane vers 1025, et la bulle du pape Jean XXII du 9 juillet 1317 créé la ville en civitas afin d'ériger l'église en cathédrale. Après l'effondrement partiel du côté nord en 1396, la reconstruction fut entreprise et l'édifice reconstruit fut consacré en 1466 par l'évêque Antoine de Montgon ; le monastère fut sécularisé en 1476 par Sixte IV. La cathédrale fut pillée et transformée en temple du culte de l'Être suprême pendant la Révolution en 1793, rendue au culte en 1802, restaurée entre 1846 et 1856 sous l'impulsion de l'évêque Frédéric de Marguerye et de Pierre Dessauret, puis partiellement modifiée encore au XIXe siècle lorsque les deux tours latérales furent démolies entre 1862 et 1866 ; elle est classée monument historique depuis le 30 octobre 1906. Des cérémonies marquantes ont eu lieu en 1966 pour le cinquième centenaire de la cathédrale et, en 2010, Bruno Grua a commandé à Goudji le nouveau mobilier liturgique dont maître-autel, ambon et sièges. Le siège épiscopal est occupé depuis le 12 septembre 2021 par Didier Noblot.
À l'intérieur, le grand Christ noir en noyer, dit « Beau Dieu noir », est installé à l'entrée du chœur contre le pilier gauche ; une étude de 2019 le date entre le XIe et le XIIIe siècle et montre qu'il fut à l'origine polychrome, puis partiellement brûlé et noirc i au cours des transformations ultérieures. Les chapelles abritent des vitraux d'Émile Thibaud, une pietà polychrome du XVe siècle, la châsse en bronze doré de l'orfèvre Poussielgue contenant des reliques de saint Flour (1897), ainsi que des œuvres comme un Christ au tombeau de 1842 par Fauginet, un tableau du XVIIIe siècle représentant saint Vincent de Paul et une statue en marbre d'Alexandre Oliva représentant l'évêque Lamouroux de Pompignac. Le chœur comporte un maître-autel en marbre polychrome surmonté d'un ciborium en bois doré et un lutrin du XVIIIe siècle ; l'ancienne crédence sert d'autel face aux fidèles, les stalles du chapitre ont été remises en place en 1852 et les vitraux de l'arrière-chœur (1851) par Étienne Thevenot représentent saint Flour et saint Odilon. La chaire a été sculptée en 1868 par l'ébéniste local Jean Peuch.
Plusieurs peintures murales médiévales ont été dégagées au XIXe siècle : une fresque du XVe siècle représentant le purgatoire et l'enfer, découverte en 1851 sous un badigeon, et une peinture chevaleresque dans la tour nord. Le grand orgue, œuvre du facteur anglais John Abbey avec un buffet sculpté par Gabriel Ventadour, a été installé en 1843, restauré en 2008, possède 35 jeux et des transmissions mécaniques ; le nombre de tuyaux n'est pas connu. La cathédrale possède quatre cloches de volée installées dans la tour nord : le bourdon fondu en 1881 par la fonderie Reynaud de Lyon (si2, 3 156 kg), deux cloches fondues en 1837 par Gédéon Morel à Lyon (ré#3, 1 562 kg et sol#3, 684 kg) et une cloche de 1771 (la#3, 413 kg, non signée).
La cathédrale dépend de la paroisse Saint-Flour-en-Planèze et, depuis 2017, la charge pastorale est exercée selon la forme du prêtre in solidum ; le recteur-archiprêtre actuel est l'abbé Emmanuel Laporte, en fonction depuis 2022. Depuis 1900, neuf recteurs-archiprêtres se sont succédé, de Jean Pouderoux (1900-1923) à Philippe Boyer (2011-2022). Le chapitre compte le doyen et recteur chanoine Philippe Boyer, le secrétaire et chanoine pénitencier Philippe Dupuy ainsi que comme chanoines titulaires Henri Bousquet, Jean Chabaud, Bernard Faintrenie, Marcel Rieutord et Michel Malvezin. La messe dominicale est célébrée le dimanche à 10 h 30 et en semaine habituellement à 18 h dans l'arrière-chœur ; avec fêtes et services exceptionnels, plus de 800 célébrations annuelles y sont données.
Propriété de l'État depuis le décret du 2 novembre 1789, la cathédrale bénéficie d'un budget public pour son entretien et ses restaurations tandis que l'Église assure le fonctionnement courant. Sur le toit, des ruches installées en septembre 2019 produisent un miel vendu pour financer la restauration d'œuvres, et un projet d'affinage de jambons dans la tour nord, lancé en avril 2022 pour contribuer au financement de la rénovation de l'orgue, a suscité des réserves techniques et conservatoires avant de voir l'expérimentation autorisée le 30 octobre 2024, sous conditions de sécurité et de conservation. Saint-Pierre accueille environ 30 000 pèlerins et visiteurs par an, dont 25 000 entrées dans la cathédrale (record en 2020), et figure dans le Guide vert Michelin depuis 2015 avec une étoile obtenue en 2017 et la mention « Intéressant ». Le site est desservi gratuitement par la ligne 2 (rouge) du Floribus, arrêt place d'Armes - Cathédrale.