Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre
L'église Saint-Pierre de Saintes, ancienne cathédrale et aujourd'hui cocathédrale, est l'un des principaux édifices religieux de la ville. Classée monument historique depuis 1862, elle est accompagnée d'un cloître canonial dont les galeries sud et ouest subsistent et qui a été classé en 1937. La cathédrale actuelle succède à un sanctuaire paléochrétien élevé sous l'épiscopat de Palladius, incendié au XIe siècle. Au début du XIIe siècle, l'évêque Pierre de Confolens entreprit une reconstruction dont le croisillon sud, avec coupole sur pendentifs et arcades en plein cintre extérieures, reste le principal témoignage. Au XIIIe siècle, on adjoignit le cloître canonial et le logis des chanoines. À la fin du Moyen Âge, la cathédrale romane, très délabrée, fut remplacée par un édifice de style gothique flamboyant, dont la construction se poursuivait lors de la visite royale de 1472. La nouvelle église s'élevait sur trois niveaux avec un triforium séparant arcades et fenêtres hautes ; la trace d'une toiture haute est encore visible à l'arrière de la tour. Presque achevée, hormis le clocher, elle fut gravement endommagée pendant les guerres de Religion : en 1568 le portail et plusieurs chapelles rayonnantes furent mutilés, le mobilier pillé et la nef s'effondra après que l'on eut sapé ses piliers. La nef fut reconstruite à partir de 1585 mais, par manque de moyens, ne retrouva qu'environ les deux tiers de sa hauteur initiale ; les voûtes ogivales n'y furent pas remontées et des arcs-boutants donnent aujourd'hui sur le vide. Une campagne de reconstruction au XVIIe siècle permit de rebâtir le chœur, couvert d'une voûte lambrissée en forme de coque de navire renversée, dégagée lors de restaurations dans les années 1970. Son dernier évêque avant la suppression du diocèse en 1802, Pierre-Louis de la Rochefoucauld, fut arrêté en 1791 et figura parmi les victimes des massacres de Septembre en 1792. En 1852 un bref pontifical rendit à l'édifice le titre de cathédrale au sein du diocèse rebaptisé La Rochelle et Saintes, et elle obtint le titre de basilique mineure en 1871. Le dôme du clocher fut endommagé par un incendie lors de travaux en 1965. Après une fermeture pour travaux en 2012, la cathédrale rouvrit au public en octobre 2013.
Le clocher-porche, qui domine la ville sur près de 58 m, devait porter une flèche en pierre mais resta inachevé après les guerres de Religion ; il est couvert d'un dôme en cuivre et accessible par un escalier à vis du XVe siècle menant à la plateforme sommitale. Le clocher abrite trois cloches de volée — Pierre (bourdon), Marie et Louis — ainsi qu'un braillard fixe servant de timbre pour l'horloge ; Pierre, fondu en 1834, fait partie des cloches au son le plus grave du département. Le portail occidental, représentatif de la sculpture gothique tardive du Sud-Ouest, présente une ogive à quatre voussures ornées d'anges, d'apôtres et de diverses figures ecclésiastiques et chevaleresques.
La nef, composée de quatre travées et bordée de bas-côtés cantonnés de chapelles latérales voûtées en six compartiments, a été reconstruite aux deux tiers de sa hauteur et présente depuis 1926 une charpente apparente ; de larges baies à remplage flamboyant rappellent l'architecture du XVe siècle. Les grandes orgues, installées sur une tribune en 1626 par Jehan Ourry et remaniées au XVIIIe siècle, possèdent un buffet décoré de motifs rocaille et d'une statue du roi David ; le buffet et l'instrument sont classés monuments historiques. Le transept présente deux bras couverts de coupoles sur pendentifs : le croisillon sud conserve essentiellement des éléments du XIIe siècle et constitue le principal vestige de la cathédrale romane, tandis que le croisillon nord fut largement reconstruit aux XIVe et XVIe siècles. Le transept nord est actuellement dédié au Sacré-Cœur ; le transept sud, fermé au public depuis 2012 pour raisons structurelles, donne accès au cloître et comprend la chapelle Saint-Joseph.
Le cloître canonial conserve les galeries sud et ouest et quelques pierres tombales de chanoines ; un bâtiment annexe donne accès au trésor, qui comprend notamment un calice en argent ciselé du XVIIIe siècle, un crucifix en argent au décor rocaille daté de 1776 et des burettes en porcelaine du XVIIIe siècle. Le chœur, bordé d'un déambulatoire, ne conserve que quatre des quinze chapelles rayonnantes d'origine ; la chapelle axiale dite de la Psalette, réalisée entre 1515 et 1520, présente des éléments du gothique tardif et abrite les tombeaux de deux doyens. Le ciborium central, assemblé au XIXe siècle à partir de matériaux provenant de l'abbaye aux Dames et offert par Napoléon Bonaparte, se compose de quatre colonnes de marbre rouge supportant un entablement en hémicycle et forme un maître-autel à baldaquin achevé en 1826.
Parmi les chapelles se trouvent la chapelle des fonts baptismaux avec un tableau du baptême du Christ, la chapelle Sainte-Marie-Madeleine, la chapelle des Âmes du Purgatoire qui abrite un monument aux morts et deux tableaux classés, la chapelle Saint-Michel classée, la chapelle Sainte-Thérèse ornée d'armoiries en clef de voûte, la chapelle du Saint-Esprit et de Notre-Dame de Lourdes, la chapelle axiale dite des Tourette, la chapelle Marie-Eustelle Harpain, la chapelle Notre-Dame des Victoires (ou du Saint-Sacrement) avec plusieurs éléments classés du XVIIe au XIXe siècles, la chapelle Saint-Joseph dans le croisillon sud qui conserve un retable du XVIIIe siècle et un enfeu, la chapelle Saint-Eutrope avec un tableau classé, la chapelle des confessions (ou Saint-Pierre) contenant deux tableaux classés, ainsi que la chapelle du bienheureux Pierre-Louis de la Rochefoucauld-Bayers.
La cathédrale est le siège d'un pèlerinage à Notre-Dame-des-Miracles, dont la statue se trouve à la croisée du transept ; ce culte d'origine médiévale fut solennellement réintroduit en 1954. De nombreux personnages et bienfaiteurs ont marqué l'histoire de l'édifice : l'ancienne cathédrale accueillit des souverains médiévaux tels qu'Urbain II, et la cathédrale actuelle reçut la visite de monarques et d'empereurs comme Louis XI, Louis XIII, Louis XIV, Philippe V d'Espagne, Napoléon Ier et Napoléon III. Le mobilier et les œuvres d'art de la cathédrale font l'objet d'un recensement, parmi lesquels le baldaquin de l'autel principal, des tableaux et les orgues de tribune. En 2013, un portrait géant du pape François réalisé par Jean-Pierre Blanchard fut exposé dans la cathédrale.