Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, siège du diocèse et située place Saint-Pierre, est classée monument historique depuis 1862 et sa construction s'étend de 1434 à 1891. Le site a accueilli successivement, selon les sources, un temple druidique supposé, une basilique du IVe siècle, une première cathédrale au VIe siècle et une cathédrale romane au XIe siècle, dont l'actuel édifice a progressivement absorbé l'emplacement. La première cathédrale, consacrée par l'évêque Félix, fut richement dotée et plusieurs fois détruite ou pillée lors des raids normands, notamment en 889 puis en 919 ; elle fut reconstruite à la fin du Xe siècle par le duc Guérech, dont la crypte subsiste. Un projet roman ambitieux au XIe siècle ne fut que partiellement réalisé, tandis que le chevet roman fut modifié au XIIe siècle ; de cette période ne subsistent aujourd'hui que la crypte et quelques chapiteaux conservés au musée Dobrée. Le chantier de l'édifice actuel débute au XVe siècle sous l'impulsion du duc Jean V et de l'évêque, avec Guillaume de Dammartin puis Mathurin Rodier comme maîtres d'œuvre, et la première pierre est posée en avril 1434. Le massif occidental, financé par les ducs et soutenu par des indulgences pontificales, progresse au cours du XVe siècle : le portail central est utilisé pour les grands offices à la fin du siècle et le grand vitrail de façade, commandé par la duchesse Anne, est posé en 1498. Les tours sont achevées en 1508, la nef et les collatéraux le sont au début du XVIe siècle, puis le bras sud du transept et les voûtes gothiques sont poursuivis aux XVIIe et XIXe siècles, l'achèvement complet du chœur étant célébré en 1891 après la démolition du vieux chœur roman. Pendant la Révolution la cathédrale sert d'observatoire militaire, d'arsenal et d'écurie ; elle échappe finalement à la destruction grâce à l'intervention d'experts, puis subit en 1800 des dommages causés par l'explosion d'une poudrière. Au XVIIe siècle les aménagements intérieurs se développent avec la construction de l'orgue et de sa tribune, l'élévation du jubé et la décoration du chœur et de la coupole de la croisée. Des travaux d'entretien et des campagnes de voûtement interviennent aux XVIIe et XIXe siècles, tandis que la démolition des murailles à l'est de la ville permet l'achèvement des parties tardives de l'édifice. La cathédrale a été touchée par des bombardements en 1944 qui endommagèrent l'abside et trois chapelles ; les réparations étaient presque achevées lorsqu'un incendie accidentel ravagea la charpente le 28 janvier 1972. Après 1972 une importante restauration remplaça la charpente en bois par une structure en béton et permit la réouverture du chœur en 1975 ; le nouveau chœur, entièrement rénové par les architectes Jean‑Marie Duthilleul et Benoît Ferré, a été inauguré en 2013. Le 18 juillet 2020 un incendie d'origine criminelle détruisit le grand orgue du XVIIe siècle, le grand vitrail ouest de 1498 et divers éléments mobiliers ; les dégâts furent estimés à plus de 40 millions d'euros et l'enquête aboutit à la condamnation de l'auteur en 2023. Après plusieurs années de travaux la cathédrale a été rouverte en septembre 2025 ; les restaurations se poursuivent avec une fin de chantier prévue en 2028. L'édifice présente une façade encadrée de deux tours massives et un ensemble décoratif riche, comportant cinq portails sculptés dédiés aux martyrs Donatien et Rogatien, à saint Pierre, au Jugement dernier, à saint Paul et à saint Yves. Parmi les œuvres majeures figurent le tombeau de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix, réalisé au début du XVIe siècle par Michel Colombe et Jean Perréal et installé en 1817, considéré comme un chef-d'œuvre de la sculpture française. La cathédrale abrite également le cénotaphe du général de Lamoricière, de nombreux tableaux anciens et modernes, des vitraux contemporains dessinés notamment par Brigitte Simon, Anne Le Chevallier et Jean Le Moal, ainsi que deux cryptes, l'une romane et l'autre du XIXe siècle qui présente des salles retraçant l'histoire du monument. La crypte romane comporte un martyrium entouré d'un déambulatoire et conserve des objets de culte ainsi que la crosse de l'évêque Fournier, classée au titre des objets des monuments historiques. La tour sud renferme une sonnerie de huit cloches et un carillon d'horloge de douze cloches fondues au XIXe siècle, et la cathédrale possède en outre une cloche déposée nommée Donatienne. Les grandes orgues, documentées dès le XVe siècle, furent remaniées aux XVIIe et XVIIIe siècles, restaurées après les dommages de 1944 et inaugurées en 1971 avant d'être à nouveau détruites par l'incendie de 2020 ; l'orgue de chœur, achevé en 1897, a été restauré et sa partie instrumentale classée en 1987. La cathédrale demeure le lieu de grandes cérémonies et d'événements historiques locaux, centre du patrimoine religieux et artistique de Nantes, et depuis le 11 août 2020 le siège épiscopal est occupé par Laurent Percerou.