Origine et histoire
La cathédrale Saint‑Pierre de Beauvais, située à Beauvais (Oise, Hauts‑de‑France), est l’église cathédrale du diocèse de Beauvais. Selon la tradition, la communauté chrétienne du Beauvaisis remonte à la fin du IIIe siècle avec l’arrivée de Lucien et de compagnons évangélisateurs ; une chapelle fut ensuite édifiée au début du IVe siècle. De la cathédrale carolingienne qui a précédé l’édifice gothique subsistent quelques travées de la nef dite « Basse‑Œuvre », plus longue autrefois et remaniée au cours des XIe et Xe siècles. En 1225, l’évêque Milon de Nanteuil décida la reconstruction de la cathédrale : les travaux commencèrent par la partie orientale du transept, puis, après une interruption liée à des conflits politiques, on éleva la couronne de chapelles et le collatéral intérieur, puis les parties hautes du vaisseau central. La première messe dans le chœur gothique eut lieu en 1272. En novembre 1284 une tempête provoqua l’effondrement partiel des voûtes du chœur ; les réparations et les transformations des travées durèrent et furent poursuivies jusqu’au XIVe siècle, avec l’intervention d’Enguerrand Le Riche en 1338. Après un long arrêt, la reprise des travaux au début du XVIe siècle porta sur le transept, selon les plans de Martin Chambiges, poursuivis par son fils Pierre puis par Michel Lalic après la mort de Martin. Des inscriptions datées sur le transept témoignent de l’avancement des travaux en 1537 et 1550. La tour‑lanterne édifiée à la croisée sous la direction de Jean Vast fut achevée en 1567 et, surmontée d’une flèche en bois, porta la hauteur totale à 153 mètres ; entre 1569 et 1573 la cathédrale fut ainsi la plus haute construction humaine. Le 30 avril 1573 la flèche et plusieurs étages de la tour s’effondrèrent ; les voûtes entourant la croisée furent reconstruites en 1575, 1577 et 1578. En 1600 Martin Candelot entreprit la nef, mais seul le premier élément fut réalisé, laissant la cathédrale inachevée : aujourd’hui seuls le chœur et le transept sont achevés. Le chœur détient la hauteur sous voûte la plus élevée au monde pour un édifice gothique, atteignant 48,50 mètres. La Révolution entraîna la mutilation de sculptures, la perte d’une partie du mobilier et la dispersion du trésor ; l’édifice fut un temps transformé en temple de la Raison. Au XIXe siècle la cathédrale fut classée parmi les monuments historiques et fit l’objet de campagnes de restauration, parfois contestées, conduites notamment par Daniel Ramée, Aymar Verdier et plus tard par Joseph‑Auguste Émile Vaudremer, avec des avis et interventions de personnages comme Prosper Mérimée et Eugène Viollet‑le‑Duc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la sacristie fut détruite et des vitraux et éléments de l’horloge furent endommagés malgré le démontage préalable de nombreuses verrières. Des interventions au XXe siècle, notamment le retrait de tirants métalliques dans les années 1960, provoquèrent des désordres structurels ; dans les années 1990 l’intérieur des bras du transept fut consolidé par l’installation de poutres et d’une armature en bois. Au XXIe siècle les tirants métalliques médiévaux ont peu à peu été remis en place, des échafaudages protègent l’édifice et de nombreux travaux de restauration sont menés en continu. Des chutes de pierre en 2006 ont nécessité des purges urgentes, la couverture en plomb a été restaurée à partir de 2010, un grand échafaudage a été dressé au chevet en 2016 pour restaurer un pinacle, et, après la pose de capteurs en 2014 pour contrôler la stabilité, une nouvelle phase de travaux portant sur la toiture et la dépose des étais a commencé en 2022 et doit se poursuivre jusqu’en 2026. Malgré sa fragilité face aux vents et aux tempêtes, la cathédrale repose sur des fondations parfois profondes de plus de dix mètres établies sur un substrat rocheux, ce qui assure son ancrage.