Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul-et-Saint-André
La cathédrale Saint-Pierre, dite aussi cathédrale Saint-Pierre‑Saint‑Paul‑et‑Saint‑André de Saint‑Claude, est située dans le département du Jura ; elle est classée monument historique depuis le 30 octobre 1906 et élevée au rang de basilique mineure en 1952. Elle succède à l'abbaye de Saint‑Oyend, dont les origines sont anciennes : la tradition et des documents évoquent une fondation vers 415 (monastère de Condat), des reconstructions au XIe siècle et de nouvelles campagnes au XIVe siècle. L'édifice actuel correspond à la reconstruction réalisée à la fin du XIVe siècle à l'emplacement de l'abbatiale romane aujourd'hui disparue ; des fouilles dans le chœur ont révélé des structures préromanes et romanes. Dès la fin du XIVe siècle, des libéralités et des fondations particulières ont soutenu le chantier : une grâce fiscale de 1392 conditionnée à la réédification de l'église, la fondation d'une messe en 1395 pour une chapelle à l'extrémité est du collatéral nord et le financement en 1411 des deux dernières piles méridionales de la nef. Les comptes conservés entre 1421 et 1446 attestent la progression des travaux — ogives, charpente, clefs de voûte, fourniture de pierre blanche — sous la direction de Renaud de Beaujeu, assisté de son fils Pierre, et la livraison des stalles en 1449 marque l'achèvement du chœur liturgique. Le chantier fut rouvert en 1486 pour élever le mur sud en vue d'adosser un cloître, mais la nef resta inachevée pendant près de trois siècles. Des incendies survenus en 1547, 1579 et surtout en 1799 entraînèrent d'importants dommages aux parties hautes du bâtiment ; le sinistre de 1799 détruisit les charpentes et la couverture et fit disparaître le cloître dont l'empreinte reste visible sur le flanc sud. Au XVIIIe siècle, la décision d'achever l'église accompagna l'érection du siège épiscopal : la première pierre bénite en 1727, la clef de voûte datée de 1736 et l'installation de l'évêque Joseph Méallet de Fargues en 1742 coïncident avec l'achèvement quasi complet de l'édifice, à l'exception du clocher projeté au sud et finalement abandonné. La campagne du XVIIIe siècle porta sur l'achèvement des quatre premières travées de la nef, des murs des collatéraux, des six piles occidentales et des voûtes correspondantes, ainsi que sur la façade et les parties hautes du clocher. Entre 1766 et 1785, l'architecte Nicolas Nicole réaménagea le chœur : suppression du jubé, déplacement des stalles au fond de l'abside, démantèlement de la chapelle de Neuville, construction de nouvelles sacristies surmontées de tribunes et création, à la hauteur de la septième travée, de deux chapelles (épiscopale et dédiée à saint Claude). Les restaurations du XIXe siècle concernèrent surtout les parties hautes : couverture en zinc, remplacement des toits en pavillon des échauguettes par des flèches, reconstruction des murs-boutants et application d'une chape en mortier hydraulique sur l'extrados des voûtes. Le chœur fit l'objet d'autres aménagements au XIXe siècle, notamment la réinstallation des stalles en vis‑à‑vis vers 1870, le renouvellement du pavement, l'établissement d'une nouvelle clôture de chœur et la construction d'un autel néogothique à la fin du siècle. Les stalles du milieu du XVe siècle, sculptées par Jehan de Vitry, constituent un élément remarquable ; la partie sud de ces stalles a été reconstituée presque à l'identique après l'incendie de 1983. Au XVe siècle, la construction a associé deux calcaires jurassiques : un calcaire oolithique, relativement léger, pour les parties hautes et les éléments moulurés, et un calcaire du Portlandien, plus dur, pour les parements inférieurs ; les campagnes du XVIIIe siècle ont recours exclusivement au calcaire du Portlandien, abondant sur place. L'édifice conserve de nombreuses marques lapidaires sur ses murs, moins fréquentes dans les élévations élevées au XVIIIe siècle et souvent associées à des bosses. La cathédrale abrite des orgues en tribune réalisées par les ateliers Daublaine & Callinet, réceptionnées en 1844 par Charles Simon ; L. Rollandez en fut l'organiste en 1876 et a transcrit pour l'orgue des œuvres de Steibelt, Pleyel et Mozart. Les reliques de saint Claude sont conservées dans un reliquaire réalisé par l'orfèvre Goudji. Parmi les personnalités liées à l'histoire du lieu figurent Louis XI et Anne de Bretagne.
