Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Sacerdos de Sarlat
L'ancienne cathédrale Saint-Sacerdos, située à Sarlat-la-Canéda en Dordogne, est co-cathédrale du diocèse de Périgueux et Sarlat et a été classée monument historique en 1840. Le sanctuaire est dédié à saint Sacerdos de Limoges; les reliques qui y furent autrefois déposées ont disparu lors des guerres de Religion. Selon la tradition, des religieux fuyant la tyrannie du duc Waïfre d'Aquitaine se seraient retirés dans la vallée où se trouve la ville actuelle et Pépin le Bref leur fit bâtir un monastère et doter celui-ci de terres, jetant alors les fondations de l'église abbatiale. À l'est se situaient des cloîtres aujourd'hui disparus. Le clocher, la partie la plus ancienne de l'édifice, présente un soubassement carré et s'élève en s'amoindrissant ; ses fenêtres en plein cintre sont accompagnées de colonnes aux chapiteaux d'inspiration corinthienne et des niches destinées à recevoir des statues encadrent l'entrée principale. La porte a été reconstruite au XVIIe siècle et l'abside est postérieure au clocher. Au fil des siècles l'église abbatiale fut agrandie : à partir du XIVe siècle on entreprit un nouvel édifice en commençant par l'abside, la nef fut engagée au XVe siècle et vint absorber les anciens cloîtres, mais les travaux furent interrompus pendant une longue période. L'abbaye de Sarlat, dont l'origine remonte selon Jean Maubourguet à la première moitié du IXe siècle sous l'impulsion de Pépin, fit partie des grandes abbayes du Périgord et, située à l'écart des grands cours d'eau, échappa aux raids vikings. Une charte attribuée à Charles le Gros en 886 fait état de réparations et d'une protection accordée à l'église abbatiale, tandis qu'une autre charte donnant l'abbaye à Odon de Cluny est aujourd'hui considérée comme apocryphe ; les premiers actes authentifiés datent de 954 et 1094. Le pape Léon VII aurait, selon les sources, accordé un bref de privilège défendant toute usurpation de l'abbaye sans élection légitime des moines. La date précise de la translation des reliques de saint Sacerdos à Sarlat reste incertaine, certains historiens la plaçant entre le milieu du Xe et le milieu du Xe siècle, et la translation de saint Pardoux intervint ensuite avant d'être emportée hors de la ville. Placée dès le milieu du XIIe siècle sous protection pontificale, l'abbaye fut reconstruite entre 1125 et 1160 ; du bâtiment roman subsistent le clocher-porche, la chapelle Saint-Benoît, la façade de la salle capitulaire et la lanterne des morts, témoins de son apogée à la fin du XIIe siècle. Le diocèse de Sarlat fut créé en 1317 et l'ancienne abbatiale devint cathédrale ; la communauté monastique fut transformée en chapitre réduit à cinquante chanoines, puis sécularisée en 1561, ce qui, ajouté aux épidémies et aux guerres, fragilisa durablement les finances de la cathédrale jusqu'au XVIIe siècle. Le temporel du chapitre fut ensuite consolidé et le diocèse fut supprimé au moment du concordat de 1801, son territoire étant intégré au diocèse de Périgueux. Sur le plan architectural, l'édifice, tout en réutilisant des éléments romans, affiche un style gothique d'inspiration septentrionale avec la présence de deux vaisseaux collatéraux ; quelques éléments sculptés d'origine subsistent à l'intérieur. Une reconstruction engagée en 1504 sous l'impulsion de l'évêque Armand de Gontaud-Biron et confiée au maître d'œuvre Pierre Esclache, assisté du maître-maçon Blaise Bernard, permit d'élever un nouveau chœur, qui fut reconstruit jusqu'en 1519, mais l'insuffisance des financements laissa pendant près d'un siècle et demi un vide entre le chœur et le reste de l'édifice. Les travaux reprirent en 1682 et la voûte du chœur fut reprise au cours de la décennie suivante grâce au soutien de François III de Salignac de la Mothe-Fénelon ; les voûtes gothiques actuelles datent de cette reprise au XVIIe siècle. Après la destruction de la flèche par la foudre, la toiture du clocher fut transformée après 1721 pour prendre l'aspect en bulbe qu'on lui connaît, et une nouvelle façade ainsi que l'installation de l'orgue achevèrent la restauration au milieu du XVIIIe siècle. L'orgue, placé sur une tribune en nid d'hirondelle au-dessus du portail principal, est l'œuvre de Jean-François L'Épine (1752) ; la partie instrumentale est classée au titre d'objet depuis 1952 et le buffet depuis 1976.