Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Samson
La cathédrale Saint‑Samson de Dol‑de‑Bretagne s’élève sur un monastère fondé par saint Samson en 548 ; en 555 ce monastère fut transformé en évêché et, après l’accession de Nominoë, Dol devint archevêché en 848 jusqu’à la suppression de ce statut en 1199. Un édifice roman précédait la cathédrale actuelle mais il fut incendié en 1203 par les troupes de Jean sans Terre, ce qui entraîna une reconstruction engagée aussitôt dans un gothique d’influence anglo‑normande. Les travaux commencèrent par la nef, la construction du transept suivit et le chœur avec son déambulatoire et ses chapelles latérales fut achevé dans la seconde moitié du XIIIe siècle, la nef étant mentionnée comme terminée en 1223 et le chœur achevé entre 1265 et 1279. Une campagne du XIVe siècle porta la tour de croisée, le grand porche sud, la salle capitulaire et une chapelle orientale du chœur ; au XVe siècle on élève les niveaux supérieurs de la tour sud et on modifie le porche sud. La tour nord, entreprise au début du XVIe siècle sous l’épiscopat de Mathurin de Plédran, resta inachevée, et la façade occidentale connut des remaniements aux XVIe et XVIIe siècles. Des vestiges de l’époque romane subsistent, notamment la base de la tour nord dans le collatéral nord — qui peut dater du XIe siècle —, le mur sud de cette tour daté du XIIe siècle et quelques appareillages à la base de la façade occidentale. Au début du XIVe siècle furent édifiés le grand porche accolé au croisillon sud, la salle capitulaire à l’ouest et le trésor à l’est, tandis qu’une vaste chapelle axiale du chevet fut élevée lors de la même campagne. Des interventions postérieures incluent la reprise de la base de la tour sud et la construction d’un campanile en 1660 par Pierre Corbineau ainsi que l’édification d’une sacristie au sud‑est ; au XVIIIe siècle la grande baie occidentale fut obturée par un triplet surmonté d’un oculus lors de l’installation du grand orgue. Des restaurations et créations importantes de vitraux eurent lieu entre 1866 et 1888 par les ateliers Ély, Didron, Kuchelbecker et Jacquier, parmi d’autres interventions de la fin du XIXe siècle.
Classée monument historique en 1840 et aujourd’hui cocathédrale, Saint‑Samson fut le siège d’un évêché depuis 555 ; la Révolution transforma l’édifice en Temple de la Raison, puis en écurie et entrepôt, et le siège épiscopal fut définitivement supprimé par le concordat de 1801. La cathédrale demeure une étape du Tro Breiz et conserve un riche ensemble architectural et mobilier.
L’intérieur présente une nef de sept travées à élévation à trois niveaux — grandes arcades, triforium et fenêtres hautes —, une hauteur sous voûte d’environ 20 mètres et des piliers formés d’un fût principal entouré de colonnettes ; la galerie des fenêtres hautes sert de circulation comme dans le gothique normand. Le vaste chœur à chevet plat s’ouvre sur un déambulatoire rectangulaire bordé de dix chapelles latérales, plan rare en France et révélateur d’une forte influence anglaise. Parmi les éléments mobiliers remarquables figurent 77 stalles en chêne du XIVe siècle, classées et considérées comme l’ensemble de stalles le plus ancien et le plus important conservé en Bretagne, ainsi que la cathèdre épiscopale du XVIe siècle. Le tombeau mutilé de l’évêque Thomas James, œuvre des frères Juste, est le plus ancien monument de style Renaissance conservé en Bretagne.
La cathédrale conserve l’un des rares ensembles de verrières bretonnes du XIIIe siècle : la maîtresse‑vitre du chevet, datée des années 1280‑1290, est le vitrail monumental le plus ancien de Bretagne encore en place ; elle a fait l’objet de multiples restaurations, notamment en 1870, lors de sa mise à l’abri en 1942 et des campagnes menées entre 1951 et 1986. D’autres verrières anciennes et des créations néogothiques du XIXe siècle complètent cet ensemble, parmi lesquelles des maîtresse‑vitres du transept réalisées par les ateliers Jacquier et Küchelbecker et des compositions du verrier nantais René Échappé.
Les grandes orgues ont un buffet daté de 1651 et un instrument dont l’histoire se prolonge aux XIXe et XXe siècles ; après des travaux et agrandissements elles ont fait l’objet d’un relevage en 2014‑2015 et d’enrichissements récents du plan sonore, les rénovations les plus récentes étant mentionnées jusqu’en 2025. Le buffet, inscrit aux Monuments historiques, est l’un des rares de l’Ancien Régime encore en place dans le département.
La salle du trésor, installée dans la tour nord inachevée, est ouverte au public depuis 2021 et rassemble de nombreux objets cultuels liés à l’histoire de l’évêché. Des dons récents, notamment ceux de l’écrivain Ken Follett via la Fondation du patrimoine en 2021 et 2023, ont contribué au financement de travaux de restauration.
Au total, la cathédrale Saint‑Samson présente une lecture stratifiée de l’architecture médiévale et moderne — éléments romans conservés, grand chantier gothique des XIIIe‑XIVe siècles, aménagements ultérieurs et importantes campagnes de restauration — et constitue un ensemble patrimonial majeur de la Bretagne tant par son architecture que par ses vitraux, son mobilier et ses orgues.