Origine et histoire de la Cathédrale Saint-Théodorit
La cathédrale Saint-Théodorit d'Uzès, ancienne cathédrale située dans le Gard, a été édifiée à partir de 1090 sur l'emplacement d'un temple romain et fut le siège de l'ancien diocèse d'Uzès jusqu'à la Révolution. Le premier bâtiment roman portait l'influence de l'ordre de Cluny ; il fut partiellement démoli lors de la croisade des Albigeois en 1177, puis reconstruit. Le chapitre, appartenant à l'ordre des chanoines réguliers de saint Augustin, adopta la religion protestante en 1546 puis, en 1633, revint au catholicisme et se soumit à la règle des chanoines réguliers de la Congrégation de France. Au cours des guerres de religion la cathédrale médiévale fut gravement atteinte : elle subit des dommages dès le 13 mai 1563 et fut finalement détruite en 1621, seul le campanile, la tour Fenestrelle, subsistant mais amputé de deux étages. La reconstruction eut lieu principalement au XVIIe siècle, avec des campagnes menées de 1642 à 1663 ; le gros œuvre du chevet fut achevé en 1649 et l'édifice fut rouvert au culte en 1660. Les travaux d'ameublement et de décoration intérieure furent réglés par des contrats passés entre 1678 et 1680. À l'ouest, l'ancienne maçonnerie a été incorporée lors de la construction du nouveau clocher nord en 1649, et la partie du XVIIe siècle s'articule à l'ouest avec des bâtiments antérieurs, dont la tour Fenestrelle qui flanque l'angle sud‑ouest. La façade néo‑romane, plaquée contre l'ancien mur‑pignon, a été posée à la fin du XIXe siècle en 1873. L'édifice présente une large nef centrale bordée de chapelles latérales aménagées entre les contreforts et surmontées de tribunes qui sont interrompues à la seconde travée en regard du sanctuaire pour former un transept ; la partie semi‑circulaire du sanctuaire est inscrite dans le plan rectangulaire de l'édifice et s'accompagne d'une travée correspondant aux chapelles latérales de part et d'autre. L'intérieur, sobre, relève d'un style classique lié à la Contre‑Réforme et est voûté sur croisées d'ogives culminant à 18 mètres ; il se signale par de hautes tribunes pourvues de balcons en fer forgé et par des galeries aménagées après la révocation de l'édit de Nantes en 1685 pour y loger, durant les offices, les « nouveaux convertis », avec des grilles en fer peint en gris et doré. Dans les chapelles entourant le chœur subsistent des traces de peintures aux plafonds et sur les murs ; une grande partie du mobilier a disparu pendant la Révolution, à l'exception de l'orgue dont le double buffet peint et doré du XVIIe siècle conserve ses volets originaux datés de 1685. La façade porte des statues de saint Pierre, à gauche avec les clefs, et de saint Paul, à droite ; le tympan représente la Vierge à l'Enfant entourée des saints Firmin et Ferréol. Le chœur réunit une table de communion en marbre datée de 1891, portant les armes du pape, de l'évêque, du chapitre et de la cathédrale, don de Paul Foussat, un maître‑autel en marbre de 1827 inspiré de celui de Saint‑Pierre d'Avignon, un sol refait en 1936 et un tableau monumental, la Descente de Croix de Lair (1827), offert par le gouvernement et surmonté du triangle trinitaire et du nom de Dieu en hébreu, dont la décoration de la Restauration masque la fenêtre centrale. Les grandes orgues sont remarquables par leur double buffet du XVIIe siècle peint et doré et par une partie instrumentale restaurée, considérée comme une réussite des Monuments historiques. La tour Fenestrelle, clocher roman de 37 mètres datant du XIIe siècle et fortement restaurée au XVIIe siècle, est un vestige de l'ancienne cathédrale assimilable aux campaniles lombards ; unique clocher rond en France, elle doit son nom aux nombreuses baies géminées qui rythment ses étages et sa toiture est couverte de tuiles vernissées jaunes et vertes, faisant d'elle, avec le palais ducal, un des symboles d'Uzès. La cathédrale possède une sonnerie de quatre cloches de volée : la plus lourde (Sol3) pèse 789 kg et a été fondue en 1810 ; deux cloches fondues par Paccard en 1932 pèsent 427 kg (Si b3) et 192 kg (Do4) ; une cloche de 110 kg (Mi4), fondue en 1600, se trouve dans un clocheton au‑dessus de la façade ouest.