Origine et histoire
La cathédrale Sainte-Cécile d'Albi a été fondée le 15 août 1282 sur décision de l'évêque Bernard de Castanet, dans le contexte de la reprise en main religieuse et politique après la croisade contre les Albigeois. Construite en brique et organisée autour d'un unique vaisseau, elle illustre le gothique méridional et affirme par son architecture et son volume la puissance du siège épiscopal. L'essentiel du vaisseau et le premier étage du clocher sont achevés à la fin du XIVe siècle, tandis que les trois derniers étages du clocher datent du XVIe siècle ; le clocher, en saillie sur la muraille, prend l'allure d'un donjon. La construction s'est déroulée par étapes successives : l'abside et les travées orientales furent élevées en priorité, puis la partie centrale et enfin les travées occidentales, chaque génération de maîtres d'œuvre ajoutant sa contribution. Vers 1400, Dominique de Florence fait édifier l'accès sud, un portail en pierre à tympan ajouré aux sculptures aujourd'hui disparues, et au XVIe siècle un baldaquin en pierre complète cet ensemble. À l'intérieur, le décor peint, principalement réalisé au début du XVIe siècle, et des fresques plus anciennes du XVe siècle couvrent voûtes et murs, faisant de Sainte-Cécile l'un des plus vastes ensembles peints d'Europe. Le grand Jugement dernier occupe la vaste paroi occidentale et constitue l'une des œuvres majeures de la cathédrale, bien que mutilée au XVIIIe siècle pour laisser place à une ouverture donnant accès à une chapelle sous le clocher. Le jubé du chœur, en pierre sculptée de style gothique flamboyant, est remarquable par sa qualité et sa rareté ; il a été préservé malgré les destructions révolutionnaires. Les évêques Louis Ier puis Louis II d'Amboise entreprennent d'importants embellissements à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, notamment la clôture du chœur, des décors sculptés et la peinture des voûtes par des ateliers italiens. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des aménagements liturgiques et artistiques se poursuivent : Charles Le Goux de La Berchère fait notamment ouvrir la partie centrale du Jugement dernier pour aménager une chapelle sous le clocher, et Pierre de la Croix de Castries commande un nouvel orgue et une chaire en marbre et stuc entre 1734 et 1736. La Révolution cause d'importants dommages au mobilier, mais la clôture du chœur et le jubé sont sauvés sur intervention ministérielle. Une vaste campagne de restauration, dirigée par l'architecte diocésain César Daly entre 1849 et 1876, modifie sensiblement la physionomie haute de l'édifice : rehaussement des combles, arcatures et tourelles sont alors ajoutés ou projetés, certains aménagements étant repris ou partiellement démontés par la suite. Depuis la fin du XIXe siècle, des travaux réguliers entretiennent les maçonneries et les décors ; les dernières grandes modifications signalées sont l'installation d'un chœur moderne devant le Jugement dernier dans les années 1972 et l'aménagement d'une salle du trésor au-dessus de la sacristie dans les années 1990. Monument composite par son architecture, sa peinture et son mobilier, Sainte-Cécile illustre l'histoire religieuse, artistique et urbaine d'Albi et demeure au centre de la cité épiscopale.