Origine et histoire de la Cathédrale Sainte-Marie-Majeure
La Vieille Major, ou ancienne cathédrale Sainte-Marie-Majeure, est située à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône. Édifiée à partir du XIIe siècle sur l'emplacement d'une première église du Ve siècle, elle fut la cathédrale de la ville avant d'être déclassée lors de la construction de la nouvelle Major. L'implantation du christianisme à Marseille remonte aux premiers siècles chrétiens : une épitaphe du IIe siècle évoquant Fortunatus et Volusianus et la présence d'un évêque certain, Oresius, au concile d'Arles en 314 en fournissent des témoins. Au début du Ve siècle, l'évêque Proculus s'opposa à Aix-en-Provence et à Arles au sujet du siège métropolitain. On suppose qu'une première cathédrale fut établie à l'intérieur des remparts, à l'ouest près de l'anse de l'Ourse ; son baptistère, désigné au XIe siècle sous le nom d'église Saint-Jean-Baptiste, a été mis au jour aux XVIIIe et XIXe siècles lors des travaux de la nouvelle cathédrale conduits par Espérandieu : il présentait un diamètre intérieur de 22 mètres et fut utilisé jusqu'au XIIe siècle. Après les invasions et le repli de la ville sur la colline Saint-Laurent, la cathédrale aurait pu être abandonnée et l'évêque réfugié à l'abbaye Saint-Victor. La Major est rétablie en 977 sous l'épiscopat de Pons Ier et Pons II ; l'enceinte est relevée et une cathédrale achevée entre 1050 et 1073 est ensuite remplacée au XIIe siècle. Entièrement reconstruite au milieu du XIIe siècle en pierre rose de La Couronne selon un plan en croix latine, elle est un bel exemple d'architecture romane provençale : chœur à abside avec absidioles et bas-côtés, voûtes en berceau, coupole octogonale sur trompes à la croisée du transept et demi-coupole sur l'abside heptagonale. Le clocher date du XIVe siècle et, entre le XVe et le XVIIIe siècle, une travée ainsi qu'une travée transversale sur la face nord furent ajoutées. Le décor comprenait notamment l'autel de saint Lazare, en marbre de Carrare sculpté par Francesco Laurana entre 1475 et 1481, placé dans le croisillon nord qui présente une arcature jumelée de style Renaissance, et l'autel-reliquaire en marbre du XIIIe siècle de la chapelle Saint-Sérénus, auquel s'ajoute un bas-relief en faïence de la mise au tombeau attribué à l'atelier de Luca della Robbia. Les lambris du chœur et la chaire en bois furent sauvés de la Révolution en 1794 par l'armateur Luigi Oxilia et transférés à la basilique San Nicolo à Pietra Ligure. La destruction de l'ancienne cathédrale, alors bordant la mer, est décidée en 1852 pour permettre la construction de la nouvelle cathédrale ; la première pierre est posée par Louis Napoléon Bonaparte, mais les protestations de 1853 de la Société française pour la conservation des monuments et l'opinion publique permirent de préserver le chœur et une travée, l'édifice étant ainsi amputé de deux travées et déclassé en église paroissiale. Elle resta affectée au culte jusque dans les années cinquante et est aujourd'hui fermée. Des étais en bois furent posés en 1994 pour soutenir les murs et l'intérieur fut étayé lors des travaux du tunnel de la Major achevés en 2002. En 2009, le retrait des étais est ordonné en vue d'un projet de rénovation lié à Marseille‑Provence 2013, avec des opérations envisagées sur l'autel de saint Lazare et sur les galeries souterraines de 300 mètres ; un appel d'offres pour le suivi archéologique des travaux de confortement est lancé en 2015 et, en octobre 2015, des travaux de renforcement des fondations débutent avec un budget d'un million d'euros. Ces travaux doivent traiter des charges excentrées sur plusieurs piles, de l'absence quasi totale de fondations et de la faiblesse du sol : la rénovation prévoit la mise en place d'un faîtage, la pose de tirants à la croisée du transept, le renforcement du sol d'assise de l'abside par inclusions et la reprise de trois piles de la croisée. La Vieille Major figure parmi les 934 monuments historiques classés en 1840, et les bâtiments et sols formant l'ensemble cathédral Sainte-Marie-Majeure, à l'exception de la Vieille Major déjà classée, ont été inscrits par arrêté du 28 juin 2024.