Origine et histoire de la Cathédrale Sainte-Réparate
La cathédrale Sainte-Réparate de Nice, située 3 place Rossetti dans le Vieux-Nice, est le siège du diocèse de Nice ; le bâtiment actuel a été construit entre 1650 et 1699 et consacré en 1699. Classée monument historique par arrêté du 9 août 1906, elle a été élevée au rang de basilique mineure en 1949.
L’origine du culte remonte à 1078, lorsque Raimbald Rostagni ramena de Rome des reliques de sainte Réparate et fonda un oratoire au pied du château ; le prieuré appartient à l’abbaye de Saint-Pons depuis 1185. Une église fut bâtie au début du XIIIe siècle sur un terrain des moines et érigée en paroisse en 1246, attirant l’habitat vers les terres basses autour du prieuré.
La cathédrale précédente, Sainte-Marie du château, située dans la ville haute, fut progressivement isolée par le renforcement des fortifications, ce qui motiva dès 1512 le projet de transfert vers la ville basse. Les fouilles sur la colline ont mis en évidence des états successifs : une cathédrale paléochrétienne, un réaménagement carolingien, une première cathédrale à trois nefs au XIe siècle et une adaptation médiévale ultérieure avec crypte et extension du chœur au XVe siècle.
Lors du siège de 1691, l’armée commandée par Catinat franchit le Var et le bombardement du château provoqua des destructions considérables ; selon le notaire Giraudi, l’explosion du donjon occasionna de nombreuses victimes et la ruine de l’église du château. Les fortifications de la colline furent démolies sur ordre de Louis XIV en 1706.
Le transfert du siège vers Sainte-Réparate s’organise au XVIe siècle : en 1531 l’abbaye Saint-Pons cède l’église au chapitre cathédral en échange d’une autre église, le duché de Savoie approuve l’échange en 1533 et l’acte est enregistré en 1561 ; en 1590 l’église est officiellement reconnue comme chiesa-cattedrale. Estimant l’édifice trop petit, l’évêque Didier Palletis charge en 1649 l’ingénieur Jean-André Guiberto d’un projet plus vaste ; les travaux, suivant un plan basilical en croix latine, commencent le 7 janvier 1650 par le chœur, le transept et la coupole étant déjà en élévation fin 1651.
La voûte de la nef s’effondra le 18 septembre 1658 devant l’évêque Palletis, qui fut blessé et mourut peu après ; les travaux reprennent en 1673 sous l’évêque Henri Provana de Leyni et sont menés à leur terme par l’architecte Marc-Antoine Grigho, le gros œuvre s’achevant entre 1680 et 1682. La décoration du chœur, commencée en 1655 par le stucateur Giovanni Pietro Riva, s’achève à la fin du XVIIe siècle, et la cathédrale est consacrée le 30 mai 1699 par l’évêque Henri Provana de Leyni.
Le campanile, démoli en 1651, est reconstruit à partir de 1731 et achevé en 1757 ; la place devant la cathédrale est agrandie après 1815 et les dernières maisons supprimées en 1871. La façade baroque, plaquée sur l’édifice, est réalisée entre 1825 et 1830, et l’évêque Henri‑Louis Chapon intervient en 1899 pour prolonger les bas-côtés et modifier le chœur, tout en faisant installer un nouvel orgue.
Une campagne de restauration générale débute en 2009 pour mettre en valeur l’intérieur et la façade, cette dernière faisant l’objet de travaux à partir de la fin 2011. La cathédrale a accueilli les funérailles du pilote de F1 Jules Bianchi en 2015 ; une messe en mémoire des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 y a été célébrée le 15 juillet 2016 en présence de plusieurs personnalités. En avril 2021 la société Azur Carillon restaure le système de sonnerie et le beffroi, et le 24 mai 2021 le bourdon sonne à la volée pour la première fois après un siècle de silence.
Extérieurement, l’édifice de style baroque est reconstruit sur le modèle de l’église Sainte‑Suzanne de Rome : plan en croix latine orienté à l’est, coupole à la croisée du transept ornée de tuiles vernissées à la mode génoise ; le campanile, ajouté au XVIIIe siècle, masque partiellement la coupole, et des absides latérales ont été ajoutées autour du chœur au début du XXe siècle.
L’intérieur, également baroque, comprend dix chapelles dédiées à diverses dévotions — entre autres la Madone des Sept Douleurs, la Crucifixion, sainte Rose de Lima, saint Joseph, sainte Réparate et saint Jean‑Baptiste — chapelles qui, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, appartenaient à des particuliers ou à des corporations chargés de leur entretien. Le maître-autel est surmonté d’une représentation de la Gloire de sainte Réparate et abrite les reliques de la sainte, conservées dans la cathédrale depuis 1690.
Trois orgues équipent l’édifice : les grandes orgues historiques, placées au-dessus du narthex sur une tribune, l’orgue de chœur à gauche du chœur et un orgue pour la chorale dans la salle Jean‑Paul‑II ; les grandes orgues ont été reconstruites par Jean Loup Boisseau en 1974 et inaugurées par Pierre Cochereau.
Les cloches sont logées dans un beffroi métallique au niveau des abat‑sons du campanile ; elles sont au nombre de quatre : le bourdon, baptisé "Réparate‑Paule‑Henriette‑Aimée", pèse 3 700 kg, sonne le si de la seconde octave et a été fondu en 1900 par Eugène Baudoin ; deux autres cloches, "Aude‑Jeanne‑Marie‑Réparate" (1 300 kg, mi de la troisième octave) et "Germaine‑Léonie‑Réparate" (750 kg, fa# de la troisième octave), ont été fondues en 1902 par le même fondeur ; la plus petite, "Clémence‑Aimée‑Charlotte‑Réparate", est l’héritière d’une cloche de 1671 refondue au début du XXe siècle. L’angélus est sonné à midi par une volée de la plus petite cloche, les autres messes sont annoncées environ un quart d’heure avant par une volée des cloches 1 à 3 ; le bourdon est réservé à la marque de fin de la messe dominicale et aux grandes fêtes, et toutes les cloches sont mises en œuvre en "lancé franc", c’est‑à‑dire avec un battant frappant la cloche lors de son mouvement.
La chapelle Sainte‑Réparate, édifiée vers 1670 pour la famille Torrini de Fougassières, conserve trois tableaux attribués au peintre Baldino représentant les supplices de la sainte, ainsi qu’une châsse de verre contenant les reliques authentifiées en 1689 ; les armoiries des Torrini figurent sur le tableau central et au sommet des colonnes de la chapelle.