Centrale hydroélectrique des Vernes à Livet-et-Gavet dans l'Isère

Centrale hydroélectrique des Vernes

  • 38220 Livet-et-Gavet
Centrale hydroélectrique des Vernes
Centrale hydroélectrique des Vernes
Centrale hydroélectrique des Vernes
Centrale hydroélectrique des Vernes
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Centrale hydroélectrique des Vernes
Centrale hydroélectrique des Vernes
Crédit photo : Édouard Hue (User:EdouardHue) - Sous licence Creative Commons
Propriété d'un établissement public de l'Etat

Période

1er quart XXe siècle

Patrimoine classé

Centrale hydroélectrique (cad. A 10 à 14) : classement par arrêté du 2 septembre 1994

Origine et histoire

La centrale hydroélectrique des Vernes, édifiée pendant la Première Guerre mondiale et achevée en 1918 par Charles-Albert Keller, alimentait les fours électriques d'une aciérie pour la production de fonte synthétique destinée notamment à la fabrication d'obus. Keller, qui avait précédemment fondé les Établissements Keller et Leleux et s'était installé à Livet-et-Gavet, avait créé en 1906 la Société anonyme Keller et Leleux et mis au point la fonte synthétique dès 1908 ; un four électrique de 20 tonnes était opérationnel en 1914. Sollicitée par la Défense nationale pendant la guerre, l'usine augmenta fortement sa production : la fabrication d'obus passa d'une cinquantaine par jour à, en 1916, trois cents projectiles de 220 et dix obus de 400 par jour, soit environ 55 tonnes de métal brut quotidiennement, et le site produisit au total 120 000 tonnes d'obus de gros calibre entre 1914 et 1918. Une voie ferrée en forte pente approvisionnait l'usine en ferrailles et permettait l'évacuation des produits finis. La centrale devint le cœur d'un vaste ensemble industriel dans la vallée : la puissance de la chute d'eau de Livet passa de 1 250 ch en 1902 à 7 000 ch lors de la mise en marche des Vernes en juillet 1918, puis à 20 000 ch en 1926. Présentée lors de l'Exposition internationale de la houille blanche de Grenoble en 1925, la centrale fut valorisée pour son rôle en électrométallurgie ; en 1927 l'installation d'un nouveau four géant accroît encore sa consommation d'énergie et la société développa par la suite d'autres ouvrages hydrauliques, dont les chutes du ruisseau de Bâton et la centrale de Lac Mort à l'Île Falcon. L'eau est amenée aux Vernes par une galerie souterraine alimentée directement par le canal de fuite de la centrale de Livet, avec un débit maximal de 22 m3/s. La centrale était équipée de deux groupes Escher Wyss munis de turbines-puits à roues Francis à axe horizontal, d'une puissance respective de 1,84 MW et 2,43 MW, et l'électricité produite était évacuée par deux lignes de 5 kV et 4 kV reliées aux circuits de Livet. Nationalisée en 1946, l'usine a fonctionné jusqu'à sa mise à l'arrêt en 2020, lors de la mise en service de la centrale de Romanche Gavet ; ses bâtiments et abords font l'objet d'un programme de rénovation et de réaménagement à l'horizon 2024. Classée au titre des monuments historiques le 2 septembre 1994 et labellisée « Patrimoine du XXe siècle » de l'Isère en 2003, la centrale des Vernes est la seule installation de ce type ainsi protégée. L'édifice, parfois comparé à une forteresse ou à une villa italienne, est l'œuvre de l'architecte Florentin Nublat ; le classement souligne le soin apporté à l'architecture et aux abords, en particulier un escalier monumental à deux volées en béton armé qui monte vers un jardin à la française. De grandes baies éclairent deux bâtiments massifs, le bassin de décharge évoque une fontaine monumentale et deux conduites forcées de 2,50 m de diamètre conduisent l'eau aux turbines.

Liens externes