Origine et histoire du Centre historique minier
La fosse Delloye, implantée à Lewarde par la Compagnie des mines d'Aniche, est un ancien charbonnage du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Le fonçage du puits n°1 a été entrepris en 1911, interrompu par la Première Guerre mondiale et repris en 1921 ; il est entré en exploitation en 1927 après avoir atteint 360 mètres. Le second puits, commencé en 1927 à une cinquantaine de mètres au nord, a commencé l'extraction au début des années 1930, après avoir atteint environ 380 mètres. Les deux puits assuraient l'extraction, le service et l'aérage. En 1946 la Compagnie d'Aniche a été nationalisée et intégrée au Groupe de Douai, et en 1955 la fosse Vuillemin et son puits d'aérage Sébastopol furent concentrés sur Delloye. Pour exploiter les gisements rattachés à Vuillemin, le puits n°2 fut approfondi à 479 mètres en 1964. Des sondages ultérieurs montrèrent cependant l'épuisement et la non-rentabilité du gisement, ce qui entraîna la fermeture de la fosse le 15 juillet 1971. Après la fermeture, le site fut choisi pour abriter un musée de la mine : les Houillères décidèrent de conserver et de collecter machines, outils et archives pour constituer le Centre historique minier. L'architecte belge Henri Guchez a été chargé de la transformation des bâtiments et le centre a ouvert ses portes le 3 mai 1984. Le patrimoine de surface a été largement préservé : chevalements, ateliers, bâtiments de recette et d'extraction, salles techniques, passerelles, lampisterie, infirmerie, ancienne scierie devenue restaurant et autres installations typiques ont été restaurés. Une grande partie du site a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 21 septembre 2009, et la fosse Delloye a été inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco le 30 juin 2012. Le Centre historique minier présente au public l'ensemble des installations d'une fosse du XXe siècle, des galeries reconstituées et des expositions sur l'évolution des techniques d'extraction. Il est labellisé musée de France et accueille régulièrement des manifestations culturelles et des tournages. Les collections comprennent près de 15 000 objets et des archives de 2 700 mètres linéaires, soit 7 000 ouvrages, 550 000 documents photographiques, 500 films, 350 vidéogrammes et 300 enregistrements sonores. Le musée organise des collectes annuelles et recueille les témoignages d'anciens mineurs. Sur le site subsistent aussi les bases des deux terrils cavaliers, numérotés 220 et 220A, qui servaient à la circulation des trains ; ces terrils ont été exploités. À proximité, des cités ouvrières liées à la fosse et aux extensions post-nationalisation restent visibles : après la nationalisation une vingtaine de maisons, soit une quarantaine d'habitations, furent construites près de Delloye. L'histoire du charbonnage est aussi marquée par un accident : le 25 mars 1966 un éboulement à 377 mètres dans la veine du Grand Moulin fit deux morts et un blessé. Avant leur remblaiement en 1971, les puits Delloye ont connu diverses profondeurs — initialement 360 m pour le n°1 et environ 380 m pour le n°2, puis des approfondissements aboutissant à des profondeurs de l'ordre de 409 et 518 m au moment du remblaiement. Le site conserve ainsi la mémoire des techniques, des hommes et du paysage industriel du bassin minier.
