Origine et histoire de la Chambre de Charité
La chambre de charité de Courtonne-la-Meurdrac est un petit édifice situé dans l'enceinte du cimetière, à l'angle sud‑ouest et à proximité de l'église Saint‑Ouen, dans le Calvados. L'édifice constitue un local unique en Pays d'Auge. Datée de la seconde moitié du XVIe siècle ou du début du XVIIe, elle était destinée aux charitons de la paroisse. Les charitons formaient une association de volontaires laïcs catholiques chargée d'assister les mourants et d'organiser les funérailles des personnes âgées et des pauvres ; placée sous la protection d'un saint, cette confrérie était répandue dans l'Eure, le Pays d'Auge et plus largement en Normandie. Ils assuraient notamment l'inhumation nocturne des pestiférés, se servaient de torches et faisaient résonner une cloche spécifique, la tintenelle ; l'admission se matérialisait par la délivrance d'un diplôme. La confrérie de Courtonne‑la‑Meurdrac figure parmi les plus anciennes du Pays d'Auge, avec celle d'Hermival‑les‑Vaux citée dès 1505. Son patron principal est saint Ouen, mais la confrérie honorait également saint Maur, la Vierge et saint Jean. La tradition des confréries de charité perdure en Normandie et, au début du XXIe siècle, reste visible par un banquet annuel célébré lors de la fête du saint patron, organisé le deuxième dimanche de septembre. Les façades et la toiture de la chambre de charité sont classées au titre des monuments historiques depuis le 29 octobre 1971. L'édifice est construit en tuffeau et en pierre calcaire de la Loire et est muni de coyaux. Le mobilier ancien a été conservé ; un coffre appartenant à la confrérie est aujourd'hui au musée de Normandie à Caen. La confrérie conservait ses archives et divers objets liés à sa mission — tintenelles, bannières, bâtons de dignitaire, torches et boîtes de quête — et chaque confrérie portait un costume particulier, avec un chaperon posé sur l'épaule gauche et un tabard réservé au dignitaire. Le costume s'est simplifié au XXe siècle, et les accessoires sont restaurés grâce aux recettes du banquet et des quêtes.