Origine et histoire de la Chapelle de Keramanac'h
La chapelle de Keramanac'h, située au lieu-dit Keramanac'h à Plounévez-Moëdec (Côtes-d'Armor, Bretagne), présente une nef rectangulaire flanquée d'un bas-côté au nord et une entrée précédée d'un porche. La façade ouest est surmontée d'un clocher à trois arcades ; à l'intérieur, nef et bas-côtés sont couverts d'une charpente lambrissée et les piliers du bas-côté sont tous différents. La disposition de l'autel, avancé devant le mur de l'abside pour former une sacristie, est particulière ; la baie principale de l'abside comporte un riche fenestrage et la porte d'entrée est ornée de plusieurs statues. Les fenêtres à meneaux présentent un décor flamboyant ; sur la balustrade en bois figure l'inscription "AV. GALLO. 1663."
La chapelle dépendait de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (ordre de Malte), rattachée au membre de Plouaret et à la commanderie de La Feuillée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les armes de Pierre de Keramborgne, commandeur de La Feuillée (décédé en 1449), sont visibles sur un vitrail, et l'édifice est daté des XVe siècles : on évoque à la fois une construction dans la seconde moitié du XVe siècle et une construction ou restauration au second quart du même siècle. Les armes de Pierre Viault figurent également sur la maîtresse vitre. En 1575, le commandeur Jean Pelletier déclare posséder les rentes, le droit de dîme et la juridiction sur le village de Keranmenech ; au milieu du XVIIe siècle la chapelle est desservie par le chapelain Philippe Locan. En 1697 l'état des revenus de la commanderie fait apparaître des rentes perçues en la chapelle et indique que le membre de Keranmenach comprenait plusieurs tenues sous la juridiction de la commanderie de Plouaret.
Selon les terriers et croquis, la chapelle était au début du XVIIIe siècle jouxtée au nord par deux maisons couvertes de chaume, dotée d'un reliquaire, d'un porche et d'un cimetière clos ; sur un plan de 1730 les maisons n'apparaissent plus et le vocable oscille entre Notre-Dame et Saint-Jean. Un inventaire de la commanderie dressé au milieu du XVIIIe siècle signale un état de ruine avancée : charpente et couverture percées, lambris dégradé, cloche fendue et ressources insuffisantes pour les réparations. Des travaux de restauration sont attestés à plusieurs reprises : fenêtres, reliquaire et couverture en 1708 par des artisans locaux ; réparation de la toiture en 1854 par le recteur Rivoal puis nouvelle réfection en 1871 ; une campagne de restauration a également été menée en 1987. Au XIXe siècle, Pol Potier de Courcy décrit une tribune en chêne ornée des reliefs des douze apôtres et un maître-autel en pierre décoré d'un retable en albâtre représentant des scènes de la vie du Christ ; les panneaux de la tribune ont été déposés en 1873 et transférés une décennie plus tard dans l'église paroissiale, et l'autel en albâtre a été vendu en 1903 avec l'accord de l'évêque et de la Fabrique. La chapelle, son calvaire et son enclos ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 19 octobre 1922.