Origine et histoire
Le Grand Séminaire de Meaux s'installe en 1907 dans les bâtiments de l'ancienne abbaye de Chaâge, morcelée et vendue depuis la Révolution. Un projet d'agrandissement mené en 1936 aboutit à la construction, en béton armé, du bâtiment qui abrite la chapelle ; l'architecte Henri Faucheur, inspiré notamment par l'œuvre du bénédictin Dom Bellot, en assure la réalisation. La chapelle, consacrée en 1937, reçoit un décor remarquable : la peinture du chœur est signée George Desvallières, il s'agit d'une toile marouflée "encadrée" aux tonalités jaunes et grises. Les vitraux, de grande qualité, proviennent de l'atelier de Louis Barillet, réalisés en collaboration avec Jacques Le Chevallier et Théodore Hanssen. Sous la direction d'Henri Faucheur, les ateliers Boulanger de Meaux conçoivent et exécutent le mobilier liturgique — stalles, chaises, fauteuils et portes — tandis que l'autel et le tabernacle sont dessinés par Faucheur et réalisés par la marbrerie Lelu. Après le départ du Grand Séminaire en 1960, la chapelle est transformée en bibliothèque, la salle en sous-sol sert de réserve de livres et les chambres des séminaristes situées au-dessus deviennent des salles de classe pour le lycée Sainte-Marie. Une réaffectation au culte mettrait en valeur cet ensemble intact de l'art religieux des années 1930. Les origines de l'abbaye restent mal connues ; on sait seulement qu'en 1135 elle est transformée en établissement de chanoines réguliers affilié à l'ordre victorin. L'édifice médiéval n'a laissé aucune trace, fortement endommagé par la guerre de Cent Ans puis par les guerres de religion ; l'église est rebâtie et consacrée en 1616. En 1781, la chapelle du Rosaire est modifiée par le maître-maçon meldois Jean François Scellier pour former le bas-côté sud de l'église. À la Révolution, l'ensemble abbatial est vendu comme bien national et divisé entre propriétaires, l'église étant détruite à l'exception de l'ancienne chapelle du Rosaire. En 1807, les bâtiments conventuels sont rachetés sur l'ordre de Mgr de Faudoas et accueillent le grand et le petit séminaire ; en 1833 s'y installe la congrégation des Visitandines, qui élève une chapelle en 1846, ajoute deux ailes au cloître en 1864 et surélève l'aile orientale en 1884. Une partie de la propriété est expropriée en 1848 pour la construction de la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg, entraînant la disparition de l'hôtel abbatial. Les Visitandines quittent Meaux en 1902 ; en 1908 Amédée Dassy acquiert les bâtiments et les loue à l'École Supérieure de Théologie, nouvelle appellation du Grand Séminaire. Depuis 1972, l'ancien ensemble conventuel abrite l'établissement d'enseignement privé Sainte-Marie, aujourd'hui le lycée technique et professionnel Jean Rose. Des bâtiments abbatiaux anciens subsistent seulement deux éléments : la chapelle du Rosaire, réaménagée successivement en orangerie puis en salle de cours, et l'aile orientale du cloître dont le gros-œuvre remonte probablement au début du XVIe siècle mais a été rhabillé au XVIIe siècle et surélevé en 1884. Les autres constructions datent soit de la période des Visitandines (notamment la chapelle de 1846, devenue bâtiment administratif) soit de la campagne de 1936-1937, qui comprend l'aile sud du cloître et la chapelle actuelle.