Origine et histoire
La chapelle du Saint-Sépulcre, dite aussi chapelle des Pénitents bleus ou Notre-Dame du Sincaïre, appartient à la Vénérable Archiconfrérie des Pénitents Bleus du Saint-Sépulcre et se situe à Nice, dans les Alpes-Maritimes (France). Conçue en 1782 par l'architecte Antoine Spinelli dans le cadre de l'aménagement de la place Vittoria (actuelle place Garibaldi), elle fut édifiée de 1782 à 1784 par l'entrepreneur André Laurenti. L'édifice est indissociable du projet urbain : situé au premier étage, il participe à la solennité de la place et agit comme un véritable vestibule architectural de la ville. La façade, d'inspiration néoclassique turinoise rehaussée d'éléments baroques tardifs, affiche une monumentalité marquée par un soubassement à bossages, un ordre colossal et un fronton triangulaire. Elle se déploie en trois registres : des arcades au rez-de-chaussée, un niveau médian avec balcon et de grandes ouvertures séparées par des pilastres corinthiens, puis le fronton supérieur décoré. La chapelle repose sur trois piliers saillants portant des pierres de taille réemployées provenant de l'ancienne chapelle Notre-Dame du Sincaïre. Au sommet des arcades ont été accrochés trois boulets de canon tirés par la flotte turque lors du siège de 1543. Le balcon de calcaire blanc, commandé par les souverains piémontais dans les années 1840 et dont la balustrade fut refaite en 1859, porte en son centre la couronne des ducs de Savoie et le chiffre de Victor‑Emmanuel ; il servait de tribune lors de leurs visites. Le fronton central portait autrefois une dédicace à Notre‑Dame de l'Assomption et une croix du Saint‑Sépulcre aujourd'hui effacées, et des pots à feu encadrent la composition selon un vocabulaire baroque. À l'arrière s'élève un clocher de forme triangulaire, caractéristique des chapelles des confréries de pénitents. La porte d'entrée est encadrée par deux pièces liées à l'histoire de la confrérie : à droite, une plaque retraçant le vœu formulé lors du siège de 1543, et à gauche, une aumônière de marbre du XVIe siècle représentant un Christ des douleurs, destinée à recueillir des offrandes pour la Custodie de Terre Sainte. Le vestibule, qui donnait accès à un escalier à double volée, était autrefois décoré de peintures sur le thème de la Sainte Croix et mettait en avant les armoiries de la ville et des ducs de Savoie en tant que prieurs honoraires. La salle cultuelle reproduit le rythme ternaire de la façade et comporte trois travées successives. La première travée, située derrière les baies, accueillait jusqu'en 1860 une loge municipale ; la banca où siégeaient les consuls est devenue le siège du prieur et était surmontée d'une couronne et d'armoiries en bois doré aujourd'hui dérobées. Les toiles qui décorent cette travée, représentant des épisodes de la vie du Christ (dont saint Thomas, l'Ascension, la pêche miraculeuse et la Résurrection), proviennent de la précédente chapelle des pénitents et avaient été offertes par les prieurs. La deuxième travée abrite deux autels dédiés à saint Sébastien et à Notre‑Dame de l'Assomption, remplaçant les anciennes chapelles niçoises détruites lors de l'aménagement de la place au XVIIIe siècle. On y remarque un groupe processionnel doré de l'Assomption (XIXe siècle, classé monument historique) et une statue de saint Sébastien en bois du XVe siècle ; la bannière de la confrérie porte d'un côté la croix de l'ordre canonial régulier du Saint‑Sépulcre et, de l'autre, l'étendard d'Amédée VI de Savoie, bleu semé d'étoiles d'or et orné d'une image de la Vierge. Le chœur, dans la dernière travée, présente un maître-autel qui enchâsse un gisant articulé du XVIIe siècle utilisé autrefois pendant la Semaine sainte, et un tableau de Louis van Loo (début du XVIIIe siècle) représentant l'Assomption. À gauche du maître-autel figure une Vierge à l'Enfant, à droite saint Sébastien. Les coupoles, peintes au XIXe siècle par le Niçois Emmanuel Costa, représentent la Croix glorieuse en souvenir du couvent Sainte‑Croix où la confrérie fut érigée canoniquement à la fin du XVe siècle, et l'Assomption célébrant la Madone du Sincaïre, protectrice de la cité. La chapelle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 19 mai 2000.