Origine et histoire de la Chapelle de la Cordelle
La chapelle de la Cordelle se situe à Vézelay, dans l'Yonne, au flanc nord de la colline de Vézelay, au cœur de l'ermitage La Cordelle. Elle a été édifiée entre 1146 et 1170 à la suite de la prédication de saint Bernard pour la Deuxième Croisade et du miracle présumé survenu lors de cet événement. La prédication, qui réunissait le roi Louis VII, la reine Aliénor d'Aquitaine et de nombreux chevaliers, donna lieu à une ruée vers l'estrade destinée à la remise des croix en tissu, provoquant l'effondrement de l'estrade sans faire de victimes. La survie de la partie où siégeait le roi fut interprétée comme un miracle et, en mémoire de cet épisode, l'abbé Ponce de Montboisier fit édifier une petite chapelle romane mémorial, consacrée en 1152 et dédiée à la Sainte‑Croix. Le surnom de « Cordelle » renvoie au cordon des moines franciscains. Un prieuré dédié à saint Fiacre fut établi à proximité pour des bénédictins; des franciscains venus d'Italie les remplacèrent au XIIIe siècle et y demeurèrent jusqu'à la Révolution. La présence franciscaine fut rétablie en 1949; l'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1953. Depuis 2018/2023, trois frères franciscains — Jean‑Paul, Patrice et Éric — desservent la chapelle et accueillent les pèlerins. Un projet de rénovation conduit par la Province franciscaine de France‑Belgique vise, entre 2024 et 2026, à réaménager le site en trois espaces, allant de l'ouverture au monde au retrait et au silence propres à la vie de l'ermitage. Le chantier a débuté en 2024, avec des fouilles archéologiques réalisées par l'INRAP à l'été 2024, et doit permettre notamment de réaménager la chapelle, cœur de l'ermitage, ouverte de jour comme de nuit. La chapelle est effectivement accessible jour et nuit; un cahier de visite à couverture rouge placé près de l'entrée recueille des messages dans diverses langues et témoigne de la fréquentation et de la dévotion des visiteurs. De mai à octobre, environ 150 personnes franchissent chaque jour le porche, et jusqu'à quinze pèlerins, provenant d'Assise ou de Saint‑Jacques‑de‑Compostelle, partent depuis La Cordelle après avoir reçu la bénédiction. D'un plan quadrangulaire proche du carré, la chapelle est de style roman; la salle mesure intérieurement 8,40 mètres de large sur 7,50 mètres de long et le chœur carré fait 3 mètres sur 3. Sa voûte en berceau ogival, construite selon l'axe nord‑sud — perpendiculaire à l'axe habituel, probablement pour tenir compte de la déclivité du terrain — repose sur des murs ornés d'arcatures plein‑cintre et de colonnes. Victor Petit signale en 1870 la grande pureté et l'habileté des profils de moulures. Sous la chapelle de Saint‑Fiacre se trouve un vaste caveau dont l'entrée était à niveau avec le sol primitif modifié par l'aménagement de terrasses; ce caveau, construit pour soutenir l'édifice en raison de la pente, n'est pas une crypte au sens strict, bien qu'il soit désormais considéré et utilisé comme chapelle d'hiver. Les voûtes ont été surélevées ultérieurement dans le style gothique. La décoration est sobre: seules les parois portant la voûte présentent quelques colonnettes (quatre à l'est et cinq à l'ouest, dont plusieurs ont disparu) surmontées de chapiteaux à feuillage aujourd'hui très abîmés. Un unique chapiteau représente des animaux symboliques — un hibou aveuglé par la lumière du Christ et des aigles picorant sa tête, symbole de saint Jean — thématique comparable à un chapiteau du bas‑côté nord de la basilique Sainte‑Marie‑Madeleine de Vézelay. Trois grandes baies et les ouvertures du petit sanctuaire témoignent de l'éclairage primitif de la chapelle, où se situe l'autel. La galerie d'images disponible montre la façade nord, des vues extérieures et intérieures, l'autel, l'entrée, les ouvertures et plusieurs chapiteaux, dont celui à l'aigle et d'autres à feuillage.
