Origine et histoire de la Chapelle de la Trinité
La chapelle de la Trinité se trouve sur l'île Saint-Honorat, autour de l'abbaye de Lérins, dans la baie de Cannes (Alpes-Maritimes, Provence-Alpes-Côte d'Azur). Elle fait partie des sept chapelles de l'île, dont six subsistent : Saint-Pierre, Saint-Caprais, Saint-Michel, Saint-Porcaire, Saint-Sauveur et la Trinité.
Selon la tradition, Honorat et Caprais se sont retirés sur l'île de Lérina vers 400-410, avec l'accord de l'évêque de Fréjus, saint Léonce. En l'absence de documents relatifs à sa construction, les datations de la chapelle reposent sur l'analyse de son architecture. Viollet-le-Duc considérait sa coupole comme la plus ancienne d'Occident. Plusieurs auteurs envisagent deux phases de construction : le chœur triconque n'aurait pas été édifié en même temps que la nef, mais les avis divergent quant à l'antériorité de l'une ou l'autre partie. Certains attribuent la nef au XIe siècle, probablement sous l'abbé Aldebert II, et le chœur aux premiers siècles du haut Moyen Âge (Ve–VIe siècle), mais ces hypothèses restent difficiles à prouver.
En 1787, l'abbaye a été sécularisée au profit de l'évêque de Grasse, alors qu'elle ne comptait plus que quatre moines. L'île et le monastère ont été vendus en 1791 à Jean Alziary de Roquefort ; sa fille, l'actrice Marie-Blanche dite Sainval, y a résidé jusqu'en 1817 et en a conservé la propriété jusqu'en 1830. Ils furent ensuite acquis par le commerçant Jean-Louis Sicard, puis par le révérend Henry Belmont Smith, qui fit construire en 1854 le château de La Bocca à Cannes. En 1859, Mgr Henri Jordany, évêque de Fréjus, racheta l'île pour 55 000 francs. L'abbaye fut restaurée à partir de 1869.
Les fouilles menées entre 1850 et 1860 ont mis au jour les fondations d'un petit bâtiment contre le mur sud et une citerne à l'est, doublant un puits d'eau douce réputé miraculeux, ce qui suggère la présence d'un petit ermitage attenant à la chapelle. Les fouilles ont également révélé des tombes relevant d'un cimetière du XVIIe siècle. À partir de 1930, la chapelle a été restaurée : les adjonctions et surélévations ajoutées lorsqu'elle servit de fortin aux troupes espagnoles en 1635 ont été supprimées.
Architecturalement, la chapelle se compose d'une courte nef de deux travées et d'un chœur triconque. La nef est couverte d'une voûte en berceau plein cintre, renforcée par deux arcs-doubleaux rectangulaires, et sa voûte s'appuie à la jonction avec le chœur sur un arc triomphal reposant sur des piliers constitués de fragments antiques. Le chœur est coiffé d'une coupole sur pendentifs, ces derniers étant placés entre les cul-de-four de l'abside et des hémicycles latéraux ; la croisée ayant un plan trapézoïdal, la coupole adopte un plan elliptique. Fernand Benoît rapprocha l'articulation de la coupole et des pendentifs de celle du mausolée de Galla Placidia à Ravenne, et Viollet-le-Duc ou Mérimée ont relevé son caractère byzantin, remarque qui ne suffit toutefois pas à en préciser la datation, puisque ce type de coupole a été employé du Ve au XIe siècle.
La chapelle de la Trinité est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886.