Origine et histoire de la Chapelle de Languidou
La chapelle de Languidou, en ruines, se situe à Plovan (Finistère), dans l'arrondissement de Quimper, au cœur du Pays Bigouden et de la Basse-Cornouaille, ancien diocèse de Quimper. L'édifice primitif remonte aux XIIe–XIIIe siècles et présente des détails sculptés remarquables ; il a fait l'objet d'une reconstruction au début du XVe siècle attribuée à Auffray Le Guirec (Auffray Gurriec) et à Yves de Revesco. On reconnaît encore sur un chapiteau l'inscription AUVREDUS GURREUHOC OPUS FECIT et, sur un autre, la mention des commanditaires GUILLELMUS CANONICUS ET YVO DE REVESCO AEDIFICAVERUNT ISTAM… ; ces inscriptions servent de base aux datations paléographiques plaçant l'édifice au milieu du XIIIe siècle. La chapelle a été partiellement démolie en 1794 pour fournir des matériaux, le placître portait la date de 1751 et une croix date du XVIe siècle. Classée au titre des monuments historiques, elle est inscrite depuis le 22 octobre 1908 et reste accessible librement et gratuitement.
Languidou pourrait avoir joué un rôle fondateur dans le style dit de l'École de Pont-Croix, rivalisant avec la collégiale Notre-Dame de Roscudon, mais l'impossibilité de dater ces bâtiments avec précision empêche de trancher. L'éponyme est saint Guidou (également Kidau, Kido, Quidou, Quideau), assimilé plus tard à saint Guy ; la statue du saint conservée provient de la chapelle et se trouve aujourd'hui dans l'église paroissiale Saint-Gorgon de Plovan. Le toponyme Languidou, formé sur le préfixe breton lan-, évoque l'ancienneté d'une implantation monastique ou d'un ermitage.
La chapelle mesure environ 22 × 13 mètres ; son plan est presque rectangulaire avec un chevet plat, une nef de quatre travées flanquée de deux collatéraux et un chœur de trois travées avec deux collatéraux. L'édifice, non voûté, présente des supports fins et des contreforts rares, caractéristiques des constructions non voûtées de la région. Les matériaux associent essentiellement de l'amphibolite (prasinite) pour les parties anciennes et du granite pour les parties plus récentes, les couvertures ayant été en ardoise.
L'implantation sur un vallon ouvrant sur la baie d'Audierne, la proximité d'une fontaine de dévotion et la présence de deux stèles protohistoriques attestent l'ancienneté et l'importance du lieu, même si l'existence d'un prieuré n'est pas formellement prouvée. Le placître, aujourd'hui clos par un muret restauré, abrite un calvaire et les deux stèles, et a longtemps servi de cimetière communal, désormais désaffecté et débarrassé de ses tombes. La fontaine de dévotion se situe en aval, au nord-est, dans le vallon ; elle est aujourd'hui envahie par la végétation et parfois attribuée, par certains auteurs, à saint Gorgon plutôt qu'à saint Quidou.
Extérieurement, la chapelle est partiellement enterrée en raison de la déclivité du terrain ; la façade occidentale, au niveau du sol, n'a pas de portail et ne conserve qu'une fenêtre haute érodée. Le chevet plat, remanié, est orné d'une grande rose de facture rayonnante annonçant le flamboyant, ajoutée postérieurement aux parties anciennes et souvent datée de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle. Les vestiges des façades nord et sud montrent des ouvertures mutilées et des restaurations anciennes qui ont parfois modifié l'aspect originel, comme l'ajout ou l'interprétation de contreforts et la restitution approximative de parties disparues.
À l'intérieur, le chœur, mieux conservé que la nef, comprend trois vaisseaux sur trois travées et conserve les grandes arcades sud en place ; ces arcades, avec leurs fûts à colonnettes, chapiteaux et culots d'encorbellement, sont très proches stylistiquement de celles de Notre-Dame de Roscudon. Les grandes arcades nord n'ont conservé que leurs socles et plusieurs piliers ont été remontés de façon approximative lors de restaurations anciennes, entraînant un mélange des éléments. L'arc diaphragme, aujourd'hui disparu, reposait sur deux piles massives et était contrebuté par des arcs transversaux dans les collatéraux, ce qui indique qu'il devait soutenir un clocher central disparu ; un chancel fermait probablement cette séparation.
La grande rose de l'abside, d'un siècle au moins plus récente que les arcades du chœur, domine l'abside et conserve des remplages remarquables. La chapelle latérale nord, peu profonde, contient un petit autel de pierre et une crédence-piscine tandis que la chapelle latérale sud, sans élargissement, offrait une grande verrière méridionale et un enfeu aujourd'hui vide. Les piliers polylobés et les socles-bancs typiques de l'École de Pont-Croix subsistent, mais nombre d'éléments sont incomplets et attendent une remise en place plus conforme.
Des pierres éparses dans le placître pourraient permettre une restauration plus fidèle ; toute intervention future, l'édifice étant classé, sera soumise au contrôle scientifique et technique des services de l'État.