Origine et histoire de la Chapelle de Laubenheim (Le Kloesterlé)
La chapelle du Kloesterlé, située à Laubenheim dans la commune de Mollkirch (Bas-Rhin), est un édifice d'origine médiévale fondé vers 1135 et consacré la même année. Elle a été fondée par la famille d’Eguisheim-Dabo et dédiée à la Vierge ainsi qu’à saint Barthélemy, saint Laurent, saint Georges, saint Rémy et sainte Euphémie ; le comte Bruno Petit, neveu du pape Léon IX, est associé à son élévation. En 1137, la chapelle est remise à l’abbaye bénédictine de Lure qui y établit un prieuré. Restaurée en 1485 par l’abbé Johann Stor de Lure, la chapelle porte une plaque de grès datée de 1485 où figurent les initiales J.W. et le blason des Stor de Storenburg orné d’une crosse d’abbé ; un logis prieural est également construit à cette date. Au cours de la Réforme, le priorat disparaît ; en 1558 la propriété passe à l’abbaye de Murbach qui y institue une chapellenie, le lieu étant alors associé à un pèlerinage et à un marché annuel. Le logis est reconstruit en 1603, puis l’évêque de Strasbourg acquiert la chapelle et la remet aux jésuites de Molsheim en 1616. À partir de 1715 le site est profondément transformé : les jésuites entreprennent d’importants travaux et, vers 1717, installent dans la chapelle un autel en bois de style baroque dédié à la Vierge et à saint Barthélemy, tandis que le décor intérieur (stucs, statuaire, plafonds) est entièrement repris. La chapelle est en grande partie reconstruite vers 1720, date portée sur l’arc triomphal en plein cintre, et les jésuites restaurent aussi le logis et les dépendances agricoles. Après l’expulsion des jésuites, la chapellenie revient à l’évêché en 1765. Après la Révolution et la signature du Concordat, la chapelle est intégrée à la paroisse de Mollkirch créée en 1802 ; le logis et les parties agricoles sont vendus comme biens nationaux à des propriétaires privés. Certaines dépendances ont disparu au fil du XIXe et du XXe siècle : la tuilerie et la forge ont disparu et la grange aux dîmes a été démolie vers 1950, selon un témoignage oral. La chapelle a fait l’objet d’une restauration dans les années 1960. L’édifice, allongé, présente un vaisseau unique et un chœur en hémicycle ; il n’est pas orienté sur le plan et son chevet polygonal à quatre pans se développe vers le nord‑est. Les vestiges romans se concentrent essentiellement au sud‑est, les vestiges gothiques se conservent dans le chœur et à l’extérieur côté ouest. L’ensemble de la chapelle et les vestiges archéologiques éventuels du sol de la parcelle sont inscrits au titre des monuments historiques par l’arrêté du 18 mars 2014, qui remplace une inscription antérieure du 28 juillet 1937 portant seulement sur les éléments médiévaux encastrés dans les murs.