Origine et histoire de la Chapelle de Notre-Dame-de-Rocamadour
La chapelle Notre‑Dame‑de‑Rocamadour, située à Camaret‑sur‑Mer (Finistère), se dresse près de la tour Vauban, sur le Sillon ; elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 4 mars 1935. L’édifice visible aujourd’hui repose sur le rocher dit Roc’h a ma dour — « rocher au milieu des eaux » en breton — d’où provient son nom, souvent à tort attribué à un pèlerinage vers Rocamadour en Quercy. Des traces d’une première chapelle sont attestées dès 1183, et le lieu apparaît de nouveau au XIVe siècle, notamment dans une bulle du pape Grégoire XI accordant des indulgences en 1372. Une inscription sur le pignon ouest indique que « l’an 1527 fut fondée la chapelle Notre‑Dame du Roc », et la construction de l’édifice actuel s’est étalée entre 1610 et 1683, comme l’attestent des dates et des noms de recteurs gravés sur le pignon. La chapelle a été commencée en 1527 selon une date portée sur la façade, mais sa réalisation a été lente et marquée par plusieurs campagnes de restauration. L’ensemble comprend une nef bordée de deux bas‑côtés, formée de quatre travées aux arcades en tiers‑point s’appuyant sur des piles octogonales, et se prolonge par un chœur de plan carré ; les fenêtres ont perdu leurs réseaux de pierre. Le clocheton du pignon a été reconstruit en 1685 en réutilisant pour une bonne part les matériaux de l’ancien ; la pointe de la flèche est aujourd’hui tronquée, et certains récits attribuent cette mutilation à un boulet tiré lors de la bataille de 1694, sans qu’une preuve documentaire formelle le confirme. Sous le clocheton subsistent les armes des seigneurs de Crozon, représentés par la famille de Goulaine.
La vocation maritime de la chapelle est ancienne : jusqu’au XVIIe siècle elle se trouvait isolée de la côte à chaque marée haute et servait d’étape aux pèlerins venus par mer. En cas de brume, la cloche guidait le retour des bateaux et le pardon de septembre était traditionnellement suivi d’une bénédiction de la mer. L’intérieur conserve de nombreux ex‑voto marins : huit pièces dont trois maquettes de bateaux suspendues (deux goélettes morutières étrangères et le langoustier Belle‑Étoile), quatre bouées accompagnées de leurs rames au nom de diverses confréries et navires, et une maquette présentée sous vitrine devant un paysage peint. Une petite copie de L'Église brûlée de Charles Cottet, représentant l’incendie de la chapelle, est exposée dans l’édifice ; l’original est conservé à la mairie.
Dans la nuit du 24 au 25 février 1910, un incendie détruisit la toiture, le mobilier et le lambris du XVIe siècle ; seuls le clocher et les murs échappèrent au désastre. La mobilisation des paroissiens et les dons de souscripteurs permirent la restauration de la chapelle dès 1911. Parmi les éléments visibles aujourd’hui, la chaire porte la signature J. Kéraudren et date de 1914‑1915, la statue de la Vierge est moderne et la croix en face de la chaire provient de l’ancienne croix du cimetière. Le pardon de Notre‑Dame‑de‑Rocamadour se déroule le premier dimanche de septembre.