Origine et histoire de la Chapelle de pèlerinage
La chapelle de pèlerinage Notre-Dame du Schauenberg se situe sur le flanc d’une colline des premiers contreforts des Vosges, à 410 m d’altitude, sur la commune de Pfaffenheim dans le Haut-Rhin, à égale distance de Pfaffenheim et de Gueberschwihr. Le toponyme Schauenberg apparaît vers 1334 et la première mention historique de la chapelle dédiée à la Vierge date de 1441. Au début du XVe siècle, un ermite nommé Uldaric vivait sur le site et une chapelle était établie près de son ermitage; elle dépendait ensuite de la paroisse de Pfaffenheim. Le pèlerinage marial se développe au XVe siècle ; un événement miraculeux lié à une statue de la Vierge est rapporté en 1446 et une chapellenie est reconnue par l’évêque de Bâle en 1483. La chapelle est agrandie en 1515 ; l’ancien chœur de cette phase, à trois pans et contreforts, sert aujourd’hui de chapelle latérale et pourrait correspondre aux murs de l’absidiole est de la nef actuelle. Des travaux au XVIIe siècle sont attestés, une date gravée 1607 figure sur un contrefort nord‑est de l’absidiole, et la chapelle est à nouveau agrandie en 1685. En raison de retards de chantier, le pèlerinage est confié aux Récollets de Rouffach en 1690 ; ceux‑ci achèvent les travaux, font consacrer l’édifice en 1695 et font élever un bâtiment conventuel achevé en 1704. Les bâtiments passent ensuite à l’hôpital de Pfaffenheim qui les utilise comme maison de repos pour des frères âgés ou infirmes, et une terrasse de la chapelle est consolidée par un mur de soutènement en 1780. Le lieu est fermé pendant la Révolution et la chapelle est vendue comme bien national en 1793 ; la statue du pèlerinage est mise à l’abri à Pfaffenheim puis rendue et fêtée après restauration au début du XIXe siècle. L’édifice subit des dommages lors des combats de 1870 et fait l’objet de restaurations successives, notamment de 1860 à 1869, en 1910–1911 (restauration complète), de 1966 à 1972 — période au cours de laquelle la tribune et l’orgue sont supprimés — et en 1998. Le bâtiment conventuel est rénové en 1964 et l’ancienne ferme de 1772, transformée en maison du pèlerin, est restaurée en 1979. La statue originelle ayant suscité le pèlerinage avait déjà été remplacée vers 1575 par une œuvre d’un sculpteur colmarien ; cette version récente a été volée en 1991. Telle qu’elle se présente aujourd’hui, la chapelle correspond à l’édifice du XVIIe siècle : une nef unique et un chœur à chevet plat orienté au nord, séparés par un grand arc triomphal brisé. Des marques de tâcheron (M, T, II, +) sont visibles sur les contreforts. Le site a donné lieu à des traditions locales et des légendes : un récit franciscain tardif rapporte la guérison d’Anne de Saxe en 1446, mais sa véracité reste incertaine, et la légende de la « pierre du Diable », liée à la reconstruction de 1515, évoque un rocher projeté sur la chapelle qui ne l’aurait pas endommagée ; une pierre portant des marques parallèles est présentée localement comme le témoignage de cet épisode. La chapelle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 2000.
