Origine et histoire de la Chapelle de Ti Mamm Doué
La chapelle de la Mère-de-Dieu, dite Ti Mamm Doué ou Ty-Man-Doué, est située à Kerfeunteun, commune de Quimper (Finistère). De transition entre gothique tardif et Renaissance, elle présente une porte sud gothique ornée de colonnettes torsadées aux bases sculptées en nids d'abeille et un vitrail du croisillon sud représentant une procession où des paroissiens s'étaient fait représenter. Un cartouche au-dessus du portail du bras du transept sud porte la date de 1541, et plusieurs autres inscriptions (1573 sur le clocher du bras sud, 1578 sur la porte du bras nord, "PAX VOBIS 1592" sur la façade ouest) montrent que les travaux se sont étalés sur près d'un demi-siècle, traduisant le passage progressif du gothique à la Renaissance. Selon les archives, les paroissiens de Cuzon obtinrent en 1540 le droit de reconstruire et d'agrandir la chapelle sur des terres relevant de la seigneurie de Kermaner, appartenant alors à Pierre de Quenechvilly, et une partie du granite employé provenait de la carrière voisine, dont l'extraction dépendit de l'autorisation du seigneur. Une porte méridionale de style Renaissance est datée de 1605 et une sacristie fut ajoutée au nord en 1621. En 1547, Pierre de Quenechvilly céda la terre de Keranmaner à Jehan Furic ; la famille Furic, dont les armes figurent sur la tribune au revers de la façade ouest, apparaît comme principal bienfaiteur jusqu'au début du XVIIIe siècle. Un aveu de 1775 signale le passage de la terre à la famille de Kerguélen. À la Révolution, la chapelle et l'oratoire furent vendus nationalement le 8 floréal an III (27 avril 1795) à Louis Ollivier, qui les donna à la commune de Kerfeunteun par acte du 29 août 1807 ; une ordonnance royale du 26 février 1817 confirma ensuite l'acceptation de cette donation après des contestations avec le nouveau propriétaire des terres, sieur Charuel. En 1815 la chapelle était en ruine ; l'évêque demanda l'emploi des matériaux pour réparer l'église paroissiale, démarche qui ne fut pas suivie d'effet, et le curé entreprit des travaux de restauration jusqu'en 1822, une correspondance de 1816 laissant deviner l'ampleur des interventions et peut-être la reprise de la charpente et de son décor peint. La chapelle a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 20 mars 1903. Une tradition locale rapporte que le père Julien Maunoir y reçut le don de la langue bretonne le 8 juin 1631. Un vitrail patriotique, réalisé après la Première Guerre mondiale, commémore l'offensive de la Meuse-Argonne (26–29 septembre 1918) et la participation de soldats finistériens du 118e régiment d'infanterie ; deux vitraux de 1995 sont l'œuvre du peintre François Dilasser et du maître verrier Jean-Pierre Le Bihan. L'intérieur rassemble plusieurs éléments cultuels et décoratifs : maître-autel, poutre de gloire, vitraux, statues (Mère-de-Dieu, saint Roch, saint Corentin, Sacré-Cœur) et un portrait du père Maunoir, tels qu'ils ont été photographiés et décrits depuis le début du XXe siècle.