Origine et histoire de la Chapelle des Carmélites
La chapelle des Carmélites de Lectoure est un édifice catholique inscrit au titre des monuments historiques en 1996 et intégré à un ancien ensemble conventuel de carmélites dans la commune de Lectoure (Gers). Un établissement carmélite existait probablement dès 1529, sans lien certain avec le couvent actuel. Le couvent de Lectoure a été fondé par le maréchal Antoine de Roquelaure et son épouse en 1623 ; huit religieuses, sous la prieure Marie de la Trinité, y arrivent alors. En novembre 1632, Anne d’Autriche et le cardinal de Richelieu assistent au baptême des deux derniers enfants du maréchal. L’église est édifiée entre 1666 et 1677, une messe solennelle y est célébrée en 1684 et la décoration peinte du plafond date de la même année. En 1695, la communauté compte vingt-deux religieuses et cinq converses. Au XVIIIe siècle, le couvent connaît des influences jansénistes qui marquent sa vie conventuelle. Les carmélites sont chassées à la Révolution ; leurs terres et la métairie de Lauzero sont vendues comme biens nationaux, et le couvent change successivement de fonctions (école, grange, salle de spectacle, prison, bureau des subsistances militaires) avant d’être vendu à J. Bouet en l’an IV. Seules deux des vingt-huit sœurs expulsées en 1792 réintègrent le couvent après son rachat par les religieuses en 1827, la Restauration ayant permis leur retour à partir de 1825. Les bâtiments conventuels du XVIIe siècle, fortement endommagés, sont reconstruits entre 1826 et 1854 ; l’aile nord, très abîmée, n’apparaissait pas sur le plan cadastral de 1824 malgré la conservation de la plupart de ses ouvertures du XVIIe siècle.
Le couvent occupe l’espace entre le rempart nord et la rue Marès, partagé par la rue Soulès, et comprenait deux passages couverts en arcade permettant aux religieuses de franchir la rue sans quitter la clôture, dont l’un fut détruit à la Révolution. La chapelle, située à l’angle de la rue Montebello et de la rue Marès, ne dépasse pas en hauteur les maisons voisines et se signale surtout par son portail classique. Celui-ci est surmonté d’une niche encadrée par des ailerons et des pilastres à volute, couronnée d’un fronton triangulaire orné de trois boules et d’un balustre typique de la région ; la niche accueille une statue de la Vierge du XIXe siècle reposant sur un blason du Carmel également ajouté au XIXe siècle.
L’intérieur, large mais peu profond, se compose de trois travées : la nef réservée aux fidèles occupe une travée et demie, puis un escalier de dix marches occupe les trois quarts de travée aboutissant à un chœur très surélevé, dont l’espace inférieur a d’abord servi de sacristie puis de crypte de clôture abritant des reliques. À gauche, une chapelle Notre‑Dame du Sacré‑Cœur en encorbellement donne sur la rue Montebello ; à droite, un grand arc fermé par une grille marque la tribune des religieuses, équipée de stalles offertes par Louise‑Marie de France. L’autel central en marbre blanc et rouge, surélevé de trois degrés, porte un retable soutenu par deux colonnes de marbre et un entablement à fronton courbe ; une peinture du XVIIe siècle représente La Vision de Sainte Thérèse et, de part et d’autre au‑dessus de portes, des niches abritent des statues de saint Jean de la Croix à gauche et de saint Joseph à droite. Les murs sont sobrement décorés, mais l’élément le plus remarquable est le plafond plat à nervures formant une croisée d’ogives à liernes et formerets, ponctué de clés pendantes ornées du blason du Carmel et des armes du royaume de France, don de Louise de France aux Carmels les plus pauvres. Le riche décor peint du plafond, réalisé en 1684, a été restauré en 1889 par le peintre lectourois Paul Noël Lasseran. La chapelle présente, par son portail et son plafond peint, des similitudes avec la chapelle des Carmélites de Toulouse, construite à la même époque.