Origine et histoire de la Chapelle des Jésuites
L'ancien collège des Jésuites, qui devint le grand séminaire, comprend des bâtiments édifiés à partir de 1606 et une chapelle baroque située place du Saint‑Sépulcre à Cambrai. La construction du collège débute en 1606 par une première aile dont subsiste un mur à croisées; une seconde aile, rue des Écoles, est élevée entre 1612 et 1614. Une chapelle est entreprise en 1679 : la façade est achevée en 1692 et les travaux se poursuivent jusqu'en 1694. Au XVIIIe siècle des aménagements sont réalisés, notamment l’agrandissement de l’aile sud et l’aménagement d’une salle au rez‑de‑chaussée.
Les jésuites avaient implanté leur collège à Cambrai dès 1563, après leur arrivée comme prédicateurs en 1561 ; une première chapelle gothique dédiée à saint Michel, achevée en 1575, fut consacrée à Pâques la même année. Au siècle suivant l’église devenue trop petite donne lieu à un projet soutenu par des fonds testamentaires de l’archevêque van der Burch; les travaux, lancés le 11 juin 1679 sous le recteur Guillaume de Waha et l’architecte frère Jean Bégrand, avancent lentement, la décoration intérieure se développant tout au long du XVIIIe siècle.
Les jésuites sont soumis aux mesures d’expulsion décidées au milieu du XVIIIe siècle : un inventaire est dressé fin décembre 1764 et l’expulsion a lieu le 1er avril 1765. Le collège passe ensuite sous la responsabilité du clergé séculier à partir de 1766, puis connaît de profondes perturbations pendant la Révolution : le corps professoral est remplacé en 1791, l’établissement se vide d’une partie de ses élèves, la bibliothèque subit des pertes et le collège est réquisitionné pour le logement des troupes; le tribunal révolutionnaire s’installe dans les locaux et l’église sert d’abord de prison puis de magasin de fourrage. La chapelle et le collège sont vendus comme biens nationaux en 1796.
En 1836 l’évêque Louis Belmas rachète l’ensemble pour y installer le grand séminaire; la restauration et les agrandissements comprennent la construction d’une aile nord et le prolongement de l’aile sud, et l’église est reconsacrée le 4 novembre 1838. La loi de séparation de 1905 provoque une nouvelle crise : le grand séminaire est expulsé le 28 décembre 1906, Mgr Delamaire, coadjuteur, est arrêté et les bâtiments sont transformés en caserne. Durant la Première Guerre mondiale la chapelle est utilisée comme salle de cinéma, puis elle est rendue au culte de 1918 à 1931 pendant la reconstruction de la cathédrale. Classée monument historique en 1920 et rachetée par le diocèse en 1927, la chapelle devient en 1958 un musée d’objets et d’art religieux.
La protection patrimoniale a été renforcée par plusieurs mesures successives : la chapelle est classée depuis le 30 avril 1920, la façade et sa toiture sont inscrites depuis le 18 mai 1927, la façade sur rue et la toiture du bâtiment de l’ancien grand séminaire sont classées depuis le 8 mai 1928, la grande salle du tribunal révolutionnaire est classée depuis le 25 août 1930, et plusieurs murs, façades, toitures, escaliers et la salle du XVIIIe siècle de l’aile sud font l’objet d’une inscription depuis le 22 mars 2012.
La chapelle, désaffectée du culte, a servi récemment de décor pour la bande‑annonce du jeu vidéo Diablo 4, avec des décors temporaires montés sur toiles. Elle est desservie par le réseau de transports urbains TUC, notamment les lignes 5 et N3 (arrêt Cathédrale) et la ligne N1 (arrêt Porte de Paris).