Origine et histoire de la Chapelle des Paulines
La chapelle des Paulines, située rue Paul‑Raoul à Tréguier (Côtes‑d'Armor), a été édifiée vers 1760 et s'organise, avec le grand logis, autour d'une cour intérieure. Construite sur un terrain acquis par la congrégation des sœurs de Saint Vincent de Paul, elle dépendait du couvent des Paulines. L'édifice conserve un décor intérieur remarquable : une tribune portant un orgue factice encadré de draperies peintes en trompe‑l'œil, une arcade séparant le chœur des religieuses de la nef et portant, côté chœur, les armes du pape Pie IX, un plafond peint de portraits et des vitraux du XIXe siècle. Les Paulines quittent Tréguier en 1792 et ne reviendront pas ; l'intérieur subit des destructions lors du séjour, entre février et mai 1794, du bataillon d'Étampes, auteur d'exactions dans la ville. Le couvent est ensuite réquisitionné par l'armée jusqu'en 1802 ; la chapelle sert alors d'écurie au régiment de cavalerie, avant d'être affectée aux hospices puis vendue aux Ursulines en 1829, qui s'y étaient installées dès 1809. Après la séparation de l'Église et de l'État en 1905 et l'interdiction pour les religieuses d'enseigner, le couvent est transformé en école supérieure de jeunes filles ; à cette époque, seul le chœur monastique semble être utilisé, tandis que la nef est en partie abandonnée, d'où la récupération d'éléments décoratifs et la présence de nombreux graffiti datés des années 1920 aux années 1950. Le plan de la chapelle adopte un axe hérité du modèle de Charles Borromée, avec l'avant‑chœur des religieuses strictement dans l'axe du sanctuaire, et non perpendiculairement comme dans la plupart des chapelles conventuelles des XVIIe et XVIIIe siècles. Le mobilier primitif a disparu : l'autel, œuvre du sculpteur Le Merrer, se trouvait devant l'arcade, entre la nef des fidèles et l'avant‑chœur monastique, et une grille en bois séparait religieuses et fidèles, comme l'attestent des traces d'arrachement et des clous de fixation sur la tranche de l'arcade et les baies. Le décor sculpté et peint, commandité par les Ursulines dans la seconde moitié du XIXe siècle, enrichit la distribution : pilastres, chutes de fruits, coquilles, angelots et cornes d'abondance renvoient aux registres rocaille et néo‑classique, tandis que des cadres ornementaux de graciles volutes et rinceaux sont attribués au peintre‑décorateur briochin Raphaël Donguy (1812‑1877). Au revers des armes de Pie IX figurent les armoiries de Monseigneur Augustin David (1812‑1882), ami de Donguy. Sur la voûte, douze images de saints datées et signées en 1871 portent la mention "J. HERLIDO, XII.IMAGINES PINXIT.1871", attribution à Jacques‑Marie Herlido, peintre‑décorateur originaire de Guingamp. La chapelle a été bénite le 18 mai 1873 et est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du 2 décembre 1992.