Origine et histoire de la Chapelle des Pénitents
L'ancienne chapelle des Pénitents, aussi appelée église Saint-Dominique, se situe à Clermont-l'Hérault (Hérault, Occitanie). Elle présente une nef unique de six travées voûtées d'ogives, éclairée par des fenêtres au sud ; les retombées des arcs reposent sur des culots sculptés. La nef se termine par une abside à sept pans et des chapelles ouvrent sur la nef au nord et au sud. La façade occidentale s'ouvre par une porte à voussure ornée de crochets portant la date de 1582 ; au-dessus subsistent les traces d'une grande rose qui n'a jamais été réalisée, et une tour polygonale flanque la façade de chaque côté. Le plan, simple et traditionnel du Midi, associe une nef épaulée de contreforts et bordée de chapelles latérales entre ces contreforts. L'édifice mesure 50,46 mètres de longueur pour une surface d'environ 1 300 m2.
La fondation du couvent des Dominicains fut inspirée par l'évêque de Lodève Jacques de Cabrerets de Concots, issu de cet ordre ; une bulle du pape Jean XXII du 14 février 1317 créa vingt couvents, dont celui de Clermont-l'Hérault. Béranger VI de Guilhem, baron de Clermont, céda le terrain longeant le ruisseau le Rhônel pour l'église, le couvent et ses dépendances. La construction fut décidée le 17 avril 1321 et la première pierre posée quatre jours plus tard ; des dons importants, notamment d'Arnaud de Lauzières, permirent un avancement rapide des travaux. En 1356 l'abside et quatre travées de la nef étaient achevées.
Les incursions et pillages des grandes compagnies et des troupes du Prince Noir amenèrent à fortifier l'édifice ; deux tourelles furent élevées de part et d'autre de la façade occidentale vers 1360. Les deux travées ouest ne furent couvertes qu'à la fin du XIVe siècle, des chapelles furent élevées le long du flanc nord, puis sur le flanc sud. Le portail à trumeau est attribué au XVe siècle et la rosace lui est généralement rattachée.
La construction, de grande ampleur près de la collégiale Saint-Paul alors en cours, intervient dans un contexte de rivalité entre les barons de Clermont et les consuls de la ville : les barons soutenaient l'édification du couvent tandis que les consuls soutenaient la collégiale, ce qui laisse penser que les promoteurs souhaitaient que l'essentiel de la population suive les offices dans cette nouvelle église. Le couvent comprenait également un jardin, un verger et un moulin à huile.
Pendant les guerres de Religion, le couvent fut dévasté et incendié par les protestants en 1568, puis reconstruit et démoli en 1588 ; l'église, malgré des dommages au clocher et aux tours de la façade, resta à peu près intacte. En 1594 le réformateur dominicain Sébastien Michaëlis choisit ce couvent pour y rétablir l'observance régulière : le couvent fut reconstruit, les parties hautes consolidées, les voûtes reconstruites vers 1665-1666 comme l'attestent des armoiries sculptées sur les clés de voûte, et les fenêtres réparées. Dans un bourg à majorité huguenote, les frères mirent en œuvre la réforme de Michaëlis pour reconstruire les communautés catholiques par le prêche, la pénitence et l'Eucharistie, et ils donnèrent des cours au petit collège de Clermont-l'Hérault.
À la Révolution le couvent fut vendu comme bien national en 1791 ; l'église servit de salle de réunion politique et de magasin de salpêtre, puis, après l'achat du couvent par la commune, d'établissement d'enseignement. Une confrérie de pénitents bleus occupa une des chapelles de 1808 à 1905 ; son action marqua durablement la population au point que le lieu prit couramment le nom des Pénitents et que l'origine première fut oubliée. Pendant la Seconde Guerre mondiale l'église servit de marché ouvert, puis abrita les ateliers municipaux ; après restauration elle devint un espace polyvalent. Le portail à trumeau disparut lorsque l'église fut transformée en garage municipal. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 16 janvier 1939.