Origine et histoire de la Chapelle des Pénitents Noirs
La date de fondation de la chapelle Sainte-Julienne de Forville est inconnue, mais elle est attestée dès 1647 : dans un testament, Georges Gallice, maître serrurier des Forville et membre de la confrérie, lègue une somme destinée au salaire des maîtres maçons chargés de réaliser une voûte à quatre carreaux au-dessus de l'autel et du chœur. En 1687, l'archevêque interdit l'accès à la chapelle « jusques à ce qu'elle soit réparée », estimant qu'elle menaçait ruine, et ordonne une contribution de chaque maison et habitant ainsi que des jours de corvée pour la reconstruction. Les travaux sont rapidement entrepris : un « prix fait » et sa quittance datés de 1688 confirment la reconstruction complète par le maître-maçon de la ville Pierre Esquinabo et les maçons Jacques et Jean Anisot, venus du Val d'Aoste, et la nouvelle chapelle est consacrée en 1689. La confrérie de Forville renouvelle ses statuts en 1786 ; elle compte alors 17 membres et consacre son activité essentiellement au service funèbre des habitants du hameau et à l'entretien de la chapelle. Un « prix fait » de 1776 prévoit la réfection de la couverture et de la charpente en mélèze du sanctuaire, détail qui laisse supposer que la toiture unique actuelle n'est peut‑être pas dans sa configuration d'origine. La couverture est remplacée par une lauze en 1819. Deux chronogrammes, 1749 sur la serrure de la porte d'entrée et 1801 sur la charpente de l'avant-toit, permettent de dater des interventions successives. Un cadran solaire, repeint au XIXe siècle, orne la partie droite du pignon ouest ; sa présence répond à une exigence de l'archevêque d'Embrun, qui ordonne en 1677 que chaque église paroissiale doive posséder une horloge ou au moins un cadran solaire pour régler les offices, ce qui confirme que la chapelle a également servi d'église paroissiale en raison de l'éloignement du hameau par rapport à la ville. L'intérieur connaît plusieurs campagnes d'entretien : blanchiment de la voûte en 1798, de la tribune en 1799 ; le sol est pavé en pierre en 1819, remplacé par un plancher en mélèze en 1855 et aujourd'hui recouvert de béton. La chapelle abrite la dernière confrérie encore active sur la commune, la confrérie de Saint-Étienne, attestée depuis 1877 ; l'appellation de « pénitents noirs » disparaît des livres de comptes en 1895.