Origine et histoire de la Chapelle des Pénitents Noirs
La chapelle des Pénitents Noirs présente un plan en quadrilobe précédé d'un narthex rectangulaire coiffé d'une tribune ; le sanctuaire est couvert d'une voûte en bois à nervures ornée d'arabesques peintes. Dans le renouveau catholique du début du XVIIe siècle, deux confréries de pénitents sont créées à Villefranche-de-Rouergue en 1609 ; celle des Pénitents noirs, fondée le 17 juin, rassemble à ses débuts prêtres, religieux et laïcs, principalement issus de la noblesse de robe, et compte soixante membres la première année. Faute de ressources, les confrères se réunissent d'abord dans la chapelle Saint-Jacques ; les femmes y sont admises en 1682 et le nombre de membres augmente ensuite, atteignant près de trois cents au milieu du XVIIIe siècle. En 1636, Jean-Louis de Garibal fait don de maisons dans le quartier nord‑ouest, et la construction d'une chapelle sur ces biens est proposée en 1641 ; l'évêque autorise le projet et la première pierre est posée en janvier 1642. L'architecte Pierre Didry est chargé des travaux ; il meurt avant leur achèvement et l'architecte Foulé prend la suite, recevant notamment 600 livres pour la voûte et le clocher. La charpente est exécutée par les maîtres Calouffet, Guilfrey, de Marciel et Espinasson, payés douze sous par jour, tandis qu'un ouvrier dit « fils de Charlot » perçoit dix sous ; le bois est offert par des confrères et par l'abbaye de Loc-Dieu. Les couvreurs utilisent vingt charrettes de tuiles et une grande quantité de plomb ; la couverture est aujourd'hui en ardoise et la construction a coûté plus de 4 500 livres. La chapelle est bénie le 27 mai 1671 par l'évêque d'Agde Louis Fouquet, alors relégué à Villefranche-de-Rouergue, et la première messe y est célébrée peu après. Tout au long du XVIIIe siècle, les confrères enrichissent l'édifice : le plafond en bois reçoit des peintures en 1701 signées Guy, un retable en bois doré sculpté sur la Passion est commencé en 1709 et terminé en 1725, et la façade est modifiée avec un fronton circulaire et une balustrade ; ces aménagements entraînent la réduction de l'éclairage par la fermeture partielle des hautes fenêtres. En 1766 la confrérie commande six grands tableaux au peintre Dujon, copies d’œuvres de Boullogne, Jouvenet et Van Loo, qui sont installés dans des cadres en gypserie dorés ; les peintures de la voûte sont restaurées en 1767. La cloche se fissure le 24 février 1717, est refondue le 27 avril et bénite le 2 mai ; après la Révolution la chapelle est vendue comme bien national en 1792 puis rachetée par d'anciens confrères en 1805. En 1808 sont placées sur la tribune des stalles provenant de l'abbaye de Loc-Dieu, attribuées à André Sulpice et datées vers 1480. La confrérie reste active au XIXe siècle puis se dissout en 1905 à la suite de la loi de séparation des Églises et de l'État. Des restaurations récentes ont mis au jour des peintures du XVIIe siècle sur les pilastres ; le choix a été fait de les laisser visibles plutôt que de reconstituer le faux marbre du XVIIIe siècle, ce qui confère à l'intérieur un caractère singulier. La chapelle, classée au titre des monuments historiques le 15 juin 1920, est ouverte à la visite en saison.
