Origine et histoire de la Chapelle des Templiers
La chapelle des Templiers, unique vestige d'une commanderie templière fondée au XIIe siècle, se situe dans le quartier de l'Arsenal à Metz, en Moselle. Les Templiers s'installent dans cette ville libre du Saint-Empire romain germanique dans les dernières décennies du XIIe siècle, aux côtés des Hospitaliers du Petit-Saint-Jean et des Teutoniques de Sainte-Élisabeth, implantés près de la porte des Allemands. La première donation à l'ordre du Temple date de 1147 et est liée à la prédication de Bernard de Clairvaux pour la deuxième croisade. À la fin du XIIIe siècle, les Templiers déplacent leur siège vers le sud-ouest de la ville, à proximité de l'église Saint-Pierre-aux-Nonnains. Dans le royaume de France, l'ordre du Temple est dissous en 1312 et ses biens sont attribués aux Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, conformément aux décisions papales. Dans le Saint-Empire romain germanique, peu d'arrestations ont lieu et aucun des frères servants n'est exécuté; le synode de la province ecclésiastique de Trèves prononce une sentence d'absolution, ce qui permet aux Templiers de se maintenir dans le Pays messin et le duché de Lorraine. Aucun des biens du Temple n'est finalement transféré aux Teutoniques; certains commandeurs, devenus hospitaliers, conservent leurs titres et prérogatives sous la protection des seigneurs locaux.
La chapelle est construite entre 1180 et 1220 et constitue l'unique vestige de la commanderie; c'est le seul exemple d'église en rotonde en Lorraine. Son plan central, typiquement templier et rappelant l'école rhénane d'Aix-la-Chapelle ou le Saint-Sépulcre de Jérusalem, marque la composition de l'édifice. L'architecture se situe à la frontière du roman, dont elle conserve les murs épais et les étroites baies en plein cintre, et du gothique, représenté par le voûtement sur croisée d'ogives. La clé de voûte est sculptée d'une colombe du Saint-Esprit et les ogives reposent sur des colonnettes engagées aux chapiteaux ornés, certains de rinceaux à fleur de lys. La chapelle a un plan centré octogonal de 8,30 m de diamètre; elle présente un chœur carré, moins élevé que la nef octogonale, et terminé par une petite abside voûtée en cul-de-four. Les murs épais des sept pans de l'octogone comportent des niches absidioles peu profondes, invisibles depuis l'extérieur, et chaque pan s'ouvre à mi-hauteur sur une baie en plein cintre. Ces particularités rapprochent la chapelle de la rotonde de Saint-Géréon, du transept des Saint-Apôtres de Cologne, du déambulatoire et des bas-côtés de Heisterbach ainsi que de la chapelle de la commanderie de Laon. À l'intérieur, les murs sont couverts de peintures murales partiellement restaurées entre 1910 et 1913 par le peintre Schwarting de Hanovre selon le projet de Hermann Schaper; ces fresques, datées de la première moitié du XIVe siècle, sont fortement dégradées mais encore visibles. À l'extérieur, un pan de l'octogone comporte deux enfeus à arcatures tréflées, plus tardifs, et à l'opposé du chœur la paroi porte la trace d'un ancien voûtement en plein cintre, vestige d'un bâtiment aujourd'hui disparu qui abritait la salle capitulaire décorée de peintures historiées. Sous cette arcature s'ouvre une porte dont le linteau sculpté porte la croix pattée caractéristique des Templiers.
Lors de la construction de la citadelle de Metz en 1556, la commanderie hospitalière est détruite à l'exception de la salle capitulaire ou réfectoire, tandis que la chapelle échappe à la démolition et sert de magasin de poudre et de plomb pour les troupes royales françaises. La chapelle est classée monument historique dès la première liste de 1840 et, après la construction de l'arsenal militaire en 1861, elle est préservée grâce à l'intervention de Prosper Mérimée; elle est restaurée en 1864. En 1882, l'armée allemande entreprend des travaux pour y installer une station de télégraphie militaire. À proximité se trouvait une salle capitulaire à un niveau, probablement du début du XIIIe siècle, composée de deux nefs à plafond de bois soutenu par des colonnes de pierre et ornée de peintures décrites par Viollet-le-Duc; ce bâtiment est démoli en 1904 et des fragments en sont conservés au musée de Metz. En 1905, l'armée allemande vend la chapelle à la ville de Metz, qui la restaure de nouveau en 1908. Pendant la Première Guerre mondiale, les autorités allemandes y transfèrent le retable de la collégiale Saint-Maur d'Hattonchâtel, le village étant alors dévasté. Après la guerre la chapelle est restaurée en 1927 et, malgré les combats de 1944, elle demeure bien préservée. En 1957 la ville la loue au ministère de la Défense pour les besoins de l'aumônerie militaire; le 9 juin 1990 elle retrouve l'aspect de la chapelle originelle de la commanderie. Aujourd'hui, la chapelle sert de salle d'expositions.