Origine et histoire de la Chapelle du collège des Jésuites
L'ancien collège des Jésuites d'Eu, en Seine-Maritime, a été fondé en 1580 par Henri de Guise, dit le Balafré. Son assassinat à Blois en 1588 ralentit les travaux ; Catherine de Clèves fit alors achever la construction et fit ajouter une chapelle dédiée à Ignace de Loyola, édifiée à partir de 1613 et terminée en 1624. De chaque côté du chœur se trouvent les mausolées du duc de Guise et de Catherine de Clèves, commandés le 15 juillet 1627 aux sculpteurs Nicolas Guillain, son fils Simon, Barthélémy Tremblay et Germain Gissey. Le tombeau d'Henri de Guise est un cénotaphe : après son assassinat, son corps fut brûlé et ses cendres dispersées dans la Loire. Les deux monuments représentent chacun le personnage deux fois, sculpté allongé sur le côté et en prière ; le cénotaphe d'Henri de Guise porte un bas-relief rappelant ses principaux faits d'armes. Chaque monument est encadré par deux grandes statues : pour Henri de Guise la Religion et la Force, pour Catherine de Clèves la Prudence et la Foi. Le collège fut fermé en 1762 lors de l'expulsion des jésuites ; la municipalité confia alors l'établissement et la bibliothèque à des professeurs séculiers. Pendant la Révolution, le collège fut supprimé en mars 1792, mais la ville y poursuivit l'enseignement. La bibliothèque, longtemps délaissée, resta à Eu et fut transférée en 1973 dans le château acquis par la Ville. La chapelle sert aujourd'hui de lieu d'expositions. Classée Monument historique depuis 1846, la chapelle voit sa porte d'entrée protégée depuis 1914 ; les façades et toitures des autres bâtiments formant l'ancien collège, y compris la cave, les sols d'assiette des deux cours et les murs soutenant la terrasse, ont été inscrits partiellement par arrêté du 29 avril 2022. Architecturée, la chapelle illustre ce que l'on a appelé le « style jésuite », mêlant influences de la Renaissance et du style Louis XIII et s'inspirant de l'église des Jésuites de Rome ; elle combine pierre de taille et brique. La façade symétrique s'organise en trois travées — un corps central et deux ailes — séparées par des chaînages et des corniches en pierre de taille. Le portail, surmonté d'un arc cintré et flanqué de colonnes toscanes, est surmonté d'un grand bas-relief encadré de colonnes ioniennes où deux anges soutiennent un cartouche ovale ; suivent un oculus circulaire, des pilastres à chapiteaux corinthiens, un fronton triangulaire puis un grand fronton semi-circulaire avec oculus et ailerons latéraux. Les ailes présentent chacune une porte, une fenêtre en plein cintre et un aileron ; l'ensemble est complété par une tourelle octogonale coiffée d'un dôme. Parmi les éléments remarquables figurent le portail, la nef et le transept côté sud, ainsi que les mausolées d'Henri de Guise et de Catherine de Clèves. Des études et publications, notamment celles d'A. Legris, Ferdinand Coutan et Jean Coural, ainsi que des ressources en ligne comme Mérimée et Clochers de France, permettent d'approfondir l'histoire et l'architecture du collège.
