Origine et histoire de la Chapelle du couvent des Carmes-Déchaux
L'emplacement de la chapelle occupait d'abord, au milieu du IIIe siècle, un cimetière des premiers chrétiens; une église s'y trouvait déjà en l'an 312. Une église dédiée à Saint-Pierre-aux-Liens succéda à celle de Saint-Gal et desservit le monastère de Chantoin jusqu'à l'installation des pères Carmes Déchaussés dans les années 1630 ; l'enclos leur fut officiellement cédé en 1637. Le couvent et l'église furent incendiés en 1699 ; l'église fut ensuite reprise jusqu'aux fondations en 1720. La construction de la chapelle, achevée en 1775, présente un plan central : une rotonde ouverte sur quatre alvéoles de plan elliptique. La façade d'entrée se distingue par de lourds ailerons encadrant une haute fenêtre et par les vantaux du portail portant les armes d'un archevêque et de la Maison de Clermont ; la porte est un bel exemple de menuiserie Louis XV. L'intérieur est sobrement rythmé par des pilastres doriques soutenant un entablement.
Le cimetière des Carmes, situé dans l'ancien enclos de l'abbaye dite de Chantoin, est le plus ancien en activité de Clermont-Ferrand. L'abbaye avait été fondée au VIIIe siècle par des religieuses suivant la règle de saint Augustin ; elle fut vendue comme bien national en 1791. En janvier 1816, Antoine Blatin acquit l'enclos au nom de la ville ; l'achat, réalisé conjointement par la ville (60 %) et par le diocèse (40 %), permit la fermeture de plusieurs autres petits cimetières insalubres. Le terrain destiné aux inhumations a été agrandi à plusieurs reprises, notamment en 1846, 1885 et 1908, ce dernier agrandissement ouvrant le secteur du « Pré-Bertrand » au nord de la Tiretaine. Un petit carré israélite, géré par le consistoire, est séparé du reste par une grille. La tempête de 1999 a endommagé de nombreux arbres et imposé la restauration de certaines tombes.
Le cimetière s'étend sur onze hectares, compte environ six mille concessions et cent huit allées, et est divisé en deux par la rivière Tiretaine. Jusqu'au milieu des années 1940, la quasi-totalité des tombes et chapelles a été réalisée en pierre de Volvic, une andésite locale gris foncé qui donne au site un aspect particulier et homogène. De nombreuses personnalités clermontoises et auvergnates y sont inhumées, parmi lesquelles des maires, hommes politiques, artistes et industriels tels qu'Agénor Bardoux, Jean-Baptiste Bargoin, Magdeleine Bérubet, Antoine Blatin, Antoine Boirot, Lucien Chatain, Paul Chaudessole, Claude de Chazerat, Charles Fabre, la maréchale Fayolle, Gilbert Gaillard, Amédée Gasquet, Jean-François Gaultier de Biauzat, Paul Gondard, Henri Gourgouillon, Martial Juge de Solagniat, Pierre-Alphonse Julien, Henri Lecoq, Louis-Charles Ledru et Agis-Léon Ledru, Jacques Philippe Mège, Marcel Michelin, George Onslow (et son père Edward Onslow), Nestor Perret, Jean-Baptiste Poncillon, Louis Rosier, Félix Rougane de Chanteloup, Jean-Baptiste Joseph Tixier, Alexandre et Jean Varenne, Antoine Sablon, Émile Saint-Rame et Junius Verdier-Latour.
Le site comprend par ailleurs plusieurs monuments aux morts et carrés militaires : un monument aux morts de la guerre de 1870-1871, un monument aux morts de la Première Guerre mondiale dû à l'architecte André Papillard et au sculpteur Jean Camus (inscrit au titre des monuments historiques depuis 2019), et un monument en souvenir des résistants de la Seconde Guerre mondiale. Les carrés militaires rassemblent environ cinq cents soldats tombés pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale — y compris des soldats réguliers français, des résistants FFI et des soldats britanniques, canadiens et néo-zélandais — ainsi que des combattants de la guerre de 1870-1871.
L'église des Carmes Déchaussés, située à gauche de l'entrée principale, a été reconstruite au XVIIIe siècle sur l'emplacement de l'ancien couvent ; précédant cet édifice, d'autres églises avaient déjà existé. De style baroque, elle adopte un plan en quatrefeuille et est couverte d'un dôme reconstruit au XIXe siècle ; les travaux principaux ont commencé en 1752 avec des interventions postérieures. L'église a perdu sa vocation religieuse au début du XXe siècle et sert aujourd'hui d'entrepôt ; une partie des bâtiments conventuels subsiste et est occupée par la société Michelin. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1976.
Le cimetière apparaît également dans une scène du film Sept Morts sur ordonnance de Jacques Rouffio (1975).