Origine et histoire de la Chapelle du Saint-Sépulcre
La chapelle du Saint-Sépulcre est une chapelle romane située au hameau des Valettes, près de Beaumont‑du‑Ventoux (Vaucluse), en Provence‑Alpes‑Côte d'Azur. Dépendance de l'abbaye Saint‑Victor de Marseille, elle fut édifiée au XIIe siècle et se dresse isolée sur une pente rocheuse, non loin des carrières de molasse burdigalienne exploitées depuis l'époque romaine et réutilisées jusqu'au début du XXe siècle, puis rouvertes lors de travaux de restauration après les crues de 1992. L'édifice, remanié au XVIIe siècle et restauré dans les années 1980, apparaît dans quelques archives mentionnant qu'il était en ruine en 1605 et fut reconstruit en 1692 ; il a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 20 janvier 2000. De plan simple, la chapelle comprend une nef unique de trois travées et une abside semi‑circulaire, couvertes par une charpente à deux versants. Deux éléments majeurs permettent d'affirmer son appartenance au roman : la répétition d'une inscription UGO sur les pierres — plus de onze occurrences —, également relevée sur d'autres édifices romans provençaux comme la chapelle Notre‑Dame d'Aubune et la cathédrale de Vaison‑la‑Romaine, et un décor sculpté caractéristique. La signature U.G.O, avec un G en faucille, permet de proposer une fourchette de construction entre 1140 et 1160 ; son auteur est supposé être soit un maître‑ouvrier unique, soit une corporation d'artisans, la signature servant à la reconnaissance entre pairs ou à attester un travail auprès du commanditaire. L'intérieur présente un décor sobre aux influences antiques : palmettes, rinceaux, frettes en impostes et signes lapidaires qui évoquent les édifices romans de la région. Au centre de l'abside se trouve une inscription inédite en arabe, la Shahada (« il n'y a d'autres divinités que Dieu »), dont la présence soulève des questions sur son origine. Le tympan et ses bas‑reliefs extérieurs, représentant un personnage en orant, deux croix pattées et des sarcophages, indiquent une ancienne fonction funéraire de la chapelle et suggèrent, par ces motifs, une éventuelle association avec les Templiers. Le chevet est constitué d'une abside en grand appareil de pierre de taille ; le pignon oriental, très asymétrique, est surmonté d'une petite baie campanaire décentrée abritant une cloche unique. La maçonnerie de la nef débute en pierre de taille puis se poursuit en moellons : l'usage de la pierre de taille se cantonne à la première travée, à la porte, à la partie basse de la deuxième travée, à l'encadrement des baies hautes et au chaînage d'angle à la jonction des façades méridionale et occidentale. La porte, remarquable, présente une triple voussure surmontée d'un tympan aveugle et d'un linteau sculpté peut‑être réemployé ; ce linteau montre une figure centrale encadrée par une croix pattée et un sarcophage, soutenue par deux colonnettes formant un arc en plein cintre dont seuls trois claveaux sont ornés de palmettes. L'identité du personnage central fait l'objet d'interprétations variées : certains y reconnaissent le Christ, d'autres un homme prêtant serment ou un orant. Un fragment d'arc rappelant ce motif se trouve à droite de la porte, à environ deux mètres. Enfin, de nombreuses marques de tâcherons sont gravées sur l'édifice — lettres et signes (parmi lesquels B renversé, h, G, A, spirale, H, I, deux k, trois Y, Z et trois B) — réparties sur l'abside, le mur pignon, le chaînage d'angle et de part et d'autre de la porte ; on note que la lettre A apparaît sous deux formes distinctes. Ces inscriptions, décors et marques gravées constituent les principaux éléments d'étude pour la datation et l'histoire de la chapelle en l'absence de documents anciens détaillés.