Origine et histoire
La chapelle du Vœu a été promise par les catholiques de Tourcoing le 30 juin 1916, au vœu d'élever un édifice si le Sacré-Cœur préservait la ville des « bombardements, des incendies et de la ruine », et d'y attacher une communauté de religieuses exposant le Saint-Sacrement et priant en permanence pour la ville. L'abbé Leclercq, coordinateur du vœu, fut pris en otage et déporté en Allemagne. Après la guerre, les Bénédictines du Saint-Sacrement achetèrent un hôtel particulier jouxtant le terrain destiné à la chapelle. Les plans des architectes tourquennois Jean-Baptiste et Henri Maillard furent dressés au second semestre 1920 et une souscription regroupant 300 donateurs permit d'engager les travaux du monastère et de la chapelle. Vingt-sept religieuses s'installèrent en 1921 et l'autel fut consacré le 17 octobre 1922. Construite en front à rue et alignée sur les maisons voisines, la chapelle occupe un rez-de-chaussée surélevé ; la maison de droite donnait l'accès à la communauté. La façade présente un grand pignon en brique et pierre reposant sur un mur aveugle rythmé de panneaux verticaux en brique et pierre et sommée d'une balustrade en pierre. Au-dessus du portail, une table sculptée en relief, encadrée par deux anges adorateurs, porte l'inscription « Cette chapelle a été érigée en exécution du vœu fait par le clergé et le peuple de Tourcoing sous l'occupation allemande le 30 juin 1916 ». Dans le tympan, un bas-relief de Jules Clamagirand représente le vœu par la figure d'un poilu debout, l'épée à la main, des anges adorateurs, le Saint-Sacrement et les armes de Tourcoing accompagnées de deux anges ; l'ensemble est surmonté d'une croix. Le contraste de matériaux — brique et deux pierres différentes — crée un jeu de bichromie, voire de polychromie, qui distingue la façade sans pour autant révéler de façon ostentatoire la destination religieuse du bâtiment. À l'intérieur, la chapelle suit le schéma propre aux chapelles de couvent : deux espaces successifs et séparés, la nef pour les fidèles et le chœur clos des religieuses, chacun éclairé par une verrière zénithale. Les deux parties sont pourvues d'une tribune de l'adoration percée d'ouvertures en plein cintre. Le décor sculpté est abondant, avec une frise aux motifs de vigne, des anges agenouillés et des éléments ornementaux en forme de choux. Discrète depuis la rue, la chapelle déploie en profondeur ses deux espaces successifs, surmontés d'une galerie de l'adoration ; l'originalité de la composition et son décor opulent sans excès constituent une réussite esthétique.