Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame
La chapelle Notre-Dame d'Aubune est une chapelle romane située à Beaumes-de-Venise, dans le département de Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Datant des XIe et XIIIe siècles, elle est classée monument historique depuis le 19 novembre 1910. Elle est considérée comme l'un des plus beaux exemples d'art roman provençal inspiré de l'Antiquité, aux côtés d'autres édifices régionaux tels que l'église de Saint-Restitut, le prieuré du Val des Nymphes près de La Garde-Adhémar, la cathédrale Notre-Dame-des-Doms d'Avignon, la chapelle Saint-Quenin de Vaison-la-Romaine et l'église Notre-Dame-du-Lac du Thor. Dominée par le Rocher du Diable, la chapelle se situe à l'ouest du village, au pied de la colline des « grottes d'Ambrosi », au sud‑ouest des Dentelles de Montmirail. On y accède à pied depuis le nord par deux sentiers descendant de la colline, ou en voiture depuis le village ou la route départementale par un chemin franchissant le canal de Carpentras ; deux chemins de grande randonnée de pays passent également à proximité. La tradition populaire associe la chapelle à une légende selon laquelle Charlemagne ou Charles Martel l'aurait fait élever après une victoire contre les Maures, au lieu‑dit Cimetière des Sarrasins. Selon une autre légende, le Diable aurait détaché un rocher pour écraser l'édifice mais la Vierge l'aurait arrêté ; la colline au‑dessus porte encore un lieu nommé « Pierre du Diable ». Une énigme locale affirme que la chapelle a « seize baies et quinze cent cloches », accompagnée d'une phrase énigmatique transmise dans le village : « Vingt cent mis l'âne dans un près et cent vingt dans l'autre » (Vincent mit l'âne dans un pré et s'en vint dans l'autre). Sur le plan architectural, le chevet et le clocher relèvent de l'époque romane : le chevet est caractéristique du premier art roman tandis que le clocher appartient au début du XIIIe siècle. Le clocher carré présente une décoration inspirée de l'Antiquité, avec des pilastres cannelés sur toute sa hauteur, des colonnettes cannelées et des chapiteaux à feuilles d'acanthe, et sa silhouette élancée contribue à la valeur plastique de l'édifice en le faisant se détacher dans la plaine. Le chevet comprend une travée de chœur édifiée en moellon avec des chaînages d'angle en pierre de taille, prolongée par une triple abside très simple, typique du premier art roman. L'abside centrale et les deux absidioles semi‑circulaires, construites en moellon et couvertes de lauzes, sont percées chacune d'une fenêtre absidiale à simple ébrasement ; celle de l'abside centrale est surmontée d'un larmier sculpté en pierre de taille. La façade orientale est percée d'un oculus situé dans l'alignement de l'abside centrale, et la maçonnerie de la travée de chœur et du chevet montre de nombreux trous de boulin laissés par les échafaudages. Sur le côté sud du mur oriental du transept se lit la marque de tâcheron d'Hugues, dit VGo : ce sigle, formé d'un grand V, d'un G en faucille et d'un petit o, figure la signature du tailleur de pierre qui fut parmi les premiers à la porter au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. Guy Barruol relève que les noms d'appareilleurs écrits en toutes lettres sont rares en Provence et cite plusieurs exemples locaux où ils apparaissent, notamment à Saint-Gabriel de Tarascon, à l'abbaye de Sénanque, à Saint-Honorat des Alyscamps, à Notre-Dame d'Auton au Pègue, à Carpentras, à Saint-Andiol, à Arles, à Saint-Trophime d'Arles, à Saint-Paul-Trois-Châteaux et au prieuré de Carluc près de Céreste. Le site, christianisé très tôt, a livré un autel tabulaire paléochrétien daté des IVe ou Ve siècles ainsi qu'une épitaphe à Epyminia, jeune chrétienne morte en 485 ; sa pierre tombale est conservée au musée lapidaire de Carpentras. La chapelle a été restaurée au XVIIe siècle après les guerres de Religion, période dont date l'ermitage, et elle a fait l'objet d'une importante campagne de restauration en 2007.