Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours
La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, dite aussi de la Bonne-Dame, est un édifice catholique du XIXe siècle situé à Fontainebleau. Elle commémore une légende selon laquelle, au XVIIe siècle, la monture d’un cavalier se serait arrêtée après que celui-ci eut invoqué la Vierge Marie, et le site constitue par tradition un lieu de pèlerinage. L’édifice est inscrit aux monuments historiques depuis 1926.
La chapelle se trouve à l’extrémité nord du boulevard Maréchal‑Foch (route départementale 606), à l’intersection de la route de Notre‑Dame‑de‑Bon‑Secours, à la lisière de la forêt de Fontainebleau, au nord de la ville. Un repère de nivellement placé près du portail, 26 centimètres au‑dessus du sol, indique une altitude de 90,047 mètres. Fermée en temps normal, l’accès est limité aux cérémonies.
Selon la tradition locale, à la fin de novembre 1661 le sieur Dauberon, capitaine et ordinaire du prince dit le Grand Condé, vit son cheval s’emballer sur la descente du chemin de Melun ; après avoir invoqué la Vierge, il fut miraculeusement sauvé. Le 3 mai 1662 une image de la Vierge, bénie par le curé Antoine Durand, fut placée sur le tronc d’un grand chêne, accompagnée d’un parchemin relatant les faits.
Le chêne finit par tomber et, en 1690, un oratoire fut élevé à l’initiative du curé Maurice Faure et grâce au concours de fidèles ; l’image y fut placée et une représentation de la légende peinte sur le fronton favorisa l’instauration d’un pèlerinage. Des documents notariés indiquent que l’édifice fut financé par un groupe d’habitants, et non uniquement par un prêtre mentionné dans certaines sources. L’oratoire fut détruit en 1793 lors de la Révolution.
Une association de Notre‑Dame‑de‑Bon‑Secours se forma ensuite et, en 1819, le pape Pie VII lui accorda des indulgences plénières. En 1821, Marie‑Thérèse, duchesse d’Angoulême, manifesta son désir de voir la chapelle reconstruite ; soutenue par Louis XVIII et des paroissiens, la nouvelle chapelle fut édifiée sur les anciennes fondations d’après les plans de l’architecte Maximilien‑Joseph Hurtault. Une toile marouflée de Merry‑Joseph Blondel illustre l’histoire et l’édifice fut béni le 30 septembre 1821 ; depuis cette date, une procession paroissiale s’y rend chaque premier dimanche d’octobre.
Au début des années 1860, une association veilla à l’entretien de l’autel. L’empereur Napoléon III ordonna des réparations en 1864 et contribua financièrement aux travaux destinés à restaurer l’oratoire, à reconstruire le mur d’enceinte plus en retrait dans la forêt et à refaire le plafond, confié au peintre Charles Marcel. À l’occasion de la fête de l’Empereur le 15 août 1864, la chapelle et les édifices publics furent illuminés.
Le 18 avril 1912, le lieutenant Ghislain Touzet du Vigier, âgé de 26 ans et appartenant au 18e régiment de dragons, eut un grave accident non loin de la chapelle : sa monture dérapa et l’officier fut projeté au sol devant l’édifice ; transporté à l’hôpital, il succomba à une fracture du crâne. Ses obsèques eurent lieu en la chapelle de l’hôpital, puis son corps fut dirigé vers Saint‑Omer ; la mère du lieutenant fit apposer une plaque à l’intérieur de la chapelle dans la première moitié de 1913.
La loi de séparation de 1905 entraîna la dissolution de l’association et la chapelle devint propriété de l’État. La gardienne désignée, la veuve Étancelin, bénéficia d’aucun appointement et des initiatives privées, notamment de l’archiprêtre Barbier, permirent des réparations ponctuelles. Face au délabrement causé notamment par la végétation, un projet de restauration fut lancé en 1932 ; des professionnels et des bénévoles contribuèrent aux travaux, réalisés en 1935.
Au début du XXIe siècle, l’édifice, en partie en bois, subit de nouvelles dégradations et fut menacé par la mérule. Un appel aux dons fut lancé en 2011, le rachat à l’État pour « un euro symbolique » fut prévu en 2012 et réalisé en 2013, et des subventions de la DRAC, du Département de Seine‑et‑Marne, de la Fondation du patrimoine, de la ville et de donateurs privés permirent la restauration. La première phase, achevée en 2015, a concerné la couverture, la charpente, la maçonnerie et la menuiserie extérieures ; la deuxième phase, entreprise à l’automne 2016, porta sur la restauration du décor peint extérieur et la rénovation intérieure, travaux achevés en juin 2017.
La chapelle est protégée au titre des monuments historiques par arrêté du 15 février 1926. La légende de l’oratoire a aussi inspiré un roman de Mélanie Waldor, L’Écuyer Dauberon ou l’Oratoire de Bonsecours, publié en 1832 et situé aux environs de Fontainebleau.