Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-Carmès
La chapelle Notre‑Dame‑de‑Carmès est un lieu de culte catholique du village de Carmès, sur la commune de Neulliac (Morbihan), situé au bord de la départementale 767 à 2 km du bourg en direction de Pontivy. L'édifice, de plan en croix latine et long de 33 mètres, est construit en granit et en schiste selon une polylithie visible : schiste bleu pâle, schiste briovérien gris‑vert en longs moellons plats, médiocres moellons briovériens sur l'élévation nord, granite fin au porche méridional et granite à gros grain de Pontivy. Les attributions chronologiques varient : le porche occidental et la nef sont datés du XVIe siècle, tandis que d'autres indications rattachent au XVe siècle le transept, la nef et l'amorce du chœur ; le clocher‑porche porte la date de 1521. Les croisillons et le chœur ont été entièrement refaits en 1768 et les parties hautes du clocher ont été remaniées au XVIIIe siècle. C'est aux travaux du XVIIIe siècle que la chapelle doit sa voûte actuelle, son riche décor intérieur et le prolongement du chœur par une sacristie axiale. La fontaine, la sacristie et le décor intérieur sont classés au titre des monuments historiques depuis le 10 avril 1980. La façade est orientale présente une porte en arc brisé ornée d'une moulure en accolade ; le gâble est surmonté d'une croix à chou frisé et les moulures sont décorées de sculptures de pampres. Le porche, décrit comme méridional, est abrité sous une grosse tour carrée de granit coiffée d'une flèche en ardoise ; il est couvert d'un lambris peint, ses murs portent des portraits des apôtres et une tourelle semi‑polygonale renferme l'escalier d'accès. Le lambris peint à l'huile comprend seize panneaux qui racontent la vie de Jésus et de la Vierge : le premier représente Notre‑Dame‑du‑Scapulaire et les quinze suivants illustrent les mystères du Rosaire. Ces scènes sont surmontées d'une galerie de portraits comprenant évangélistes, pères et réformateurs de l'Église ainsi que le roi Louis XIII consacrant la France à la Vierge du Rosaire. Les plus anciennes et importantes peintures murales sont en partie signées « La Palme, peintre 1705 », signature visible sur le panneau du Couronnement du Christ. La Palme, qui a réalisé un tableau pour la chapelle Saint‑Samson de la commune et serait peut‑être d'origine espagnole, a exécuté une part notable du lambris en 1705. L'ensemble a été complété en 1778 par Deduy, restauré en 1814 par Blévin, de Loudéac, puis restauré entre 1986 et 1990 par l'atelier parisien François Bailly. La chapelle a abrité des confréries, notamment celles des Âmes du purgatoire et du Scapulaire, et elle est connue pour son pardon au mois d'août, qui donne lieu à d'importantes festivités. Le nom de Notre‑Dame‑de‑Carmès est déformé : le site n'a jamais accueilli de fondation de Carmes et l'appellation semble d'origine celtique, Car ar maez, signifiant « domaine des champs ». La richesse de l'ensemble a été soulignée par l'abbé Guillôme et s'explique en partie par la protection de la famille de Rohan.