Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame
La chapelle Notre‑Dame de Châteaulin, dans le centre du Finistère, domine l'Aulne depuis un enclos paroissial implanté sur une butte jadis fortifiée. Le cartulaire de l'abbaye de Landévennec la désigne au XIe siècle sous le nom de « Montagne de Nin » près du fleuve Hamn ; l'édifice conserve des parties anciennes remontant au début du XIIIe siècle. Construite à flanc de coteau sur la face nord‑ouest de la butte, elle surplombe le cours canalisé de l'Aulne de 35 mètres. Cette ancienne chapelle castrale fut église paroissiale d'un petit village voisin — dont subsiste le lieu‑dit « Le Vieux‑Bourg » — avant d'être déclassée à la fin du XVIIe siècle au profit de l'église Saint‑Idunet. Malgré des transformations sur cinq siècles, l'édifice garde une unité qui en fait un petit chef‑d'œuvre de l'architecture bretonne.
La nef présente trois vaisseaux lambrissés datés du XIVe siècle ; les deux premières travées et les murs extérieurs furent repris au XVIe siècle, puis le chevet plat primitif fut remplacé par un chevet polygonal vers 1690. Le porche est restauré en 1722 avec remploi des portes et réemploie des éléments plus anciens datés de 1574, tandis que le clocher à dômes et le portail ouest sont édifiés en 1753 par Claude Gargam de Saint‑Goazec, Grégoire Besnard de Lannéderne et Guillaume Salaun de Pleyben. Jugée dans un état désolant au milieu du XIXe siècle, la chapelle fait l'objet d'une campagne de restauration entre 1860 et 1862 : réfection de la charpente et de la couverture, démolition d'une chapelle et d'une sacristie hors‑œuvre, construction des pignons du chevet et pose de nouveaux vitraux. Une restauration complète a également été menée dans les années 1990. La chapelle, l'arc de triomphe, la croix monumentale et l'ossuaire ont été classés au titre des Monuments historiques le 21 décembre 1914 ; les abords sont classés depuis le 30 septembre 1942.
On accède à l'enclos paroissial par un arc de triomphe de la seconde moitié du XVe siècle qui mène à un petit placître offrant une vue dégagée sur la vallée de l'Aulne et les collines environnantes. L'ossuaire, attaché à la chapelle en 1575, est construit dans le style Louis XII et servait à entreposer les ossements retirés du sous‑sol de l'église et du cimetière ; des gravures du XIXe siècle montrent encore des ossements disposés entre ses colonnes. Le porche porte sur son pignon sud une inscription datée de 1722 et se distingue par un entablement classique surmonté de lanternons caractéristiques de la Renaissance bretonne.
Le calvaire, taillé dans la pierre noire de Kersanton, présente sur sa face ouest la scène de la Crucifixion entourée de saint Jean, de la Vierge et des deux larrons ; la face est représente le Jugement dernier avec le Christ assis sur un arc‑en‑ciel et les morts ressuscitant au son d'une trompette. La banderole qui surmonte la composition porte une inscription partiellement déchiffrée (« GARDE... QU'IL FERA SELO(N) SES... JUGERA ») que Y.‑P. Castel rapproche de celle du calvaire d'Argol, et le calvaire serait contemporain d'Henri de Navarre, qui abjura le catholicisme en 1576.
La fabrique, suffisamment dotée en 1753, permet le rehaussement du clocher ; une inscription sur le flanc sud rappelle les noms du recteur et du fabriquant et date l'intervention. La chambre des cloches est surmontée d'un dôme octogonal flanqué de deux clochetons et coiffé d'un lanternon élancé.
À l'intérieur, trois campagnes de travaux ont façonné l'aspect actuel de la chapelle. Aucune trace certaine n'a été retrouvée d'un édifice antérieur, peut‑être du XIe siècle, mais de la chapelle primitive du début du XIVe subsistent des colonnades de style comparable à celles de Languidou en Plovan et une figure singulière sur un pilier sud. En 1691 le chevet polygonal fut établi et une sacristie ajoutée, puis supprimée lors des travaux extérieurs de 1722.
Les retables, souvent commandés par des confréries aux XVIIe et XVIIIe siècles, ornent plusieurs autels : le maître‑autel de la seconde moitié du XVIIe siècle présente, entre deux colonnes torses, une toile de l'Annonciation ; l'autel nord, dédié à saint Joseph et commandé à Louis Lanchou de Châteaulin en 1765, a été remplacé par un retable provenant de l'ancienne chapelle de la poudrerie de Pont‑de‑Buis, dédié à sainte Barbe. Le retable sud, consacré à Notre‑Dame du Rosaire, réunit des éléments d'origines diverses, dont une peinture de Le Valentin acquise à l'église de Kergoat en Quéménéven, un bas‑relief de Notre‑Dame des Douleurs aux sept glaives et, en haut, un tableau représentant un malade assisté par la Vierge en hommage à Notre‑Dame de la Bonne Mort.
Sur le côté droit du chœur, une dalle funéraire en granit porte l'inscription « CI GIT JOTHANE DE TREZIGUIDY VICONTESSE DU FAOU » ; née sur les terres de Trésiguidy entre Châteaulin et Pleyben, mariée à Morvan, vicomte du Faou, elle mourut en 1324 et sa tombe fut mise au jour lors des travaux de 1860. Enfin, un tableau représentant les saints Crépin et Crépinien, œuvre de Jean Le Moign de Saint‑Renan commandée en 1664 par la confrérie des cordonniers et tanneurs de Châteaulin, a été restauré en 1998 ; il raconte le martyre des deux saints en huit cartouches et les montre dans leur atelier, avec en bas à droite le donateur et sa femme probablement représentés.