Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame de Cran
La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, dite chapelle Notre‑Dame‑de‑Cran ou chapelle des Templiers, se situe dans le hameau de Cran, à Treffléan (Morbihan), à environ 3 km au sud‑est du bourg. Selon la tradition, elle aurait été fondée par les Templiers et liée à la commanderie fortifiée de Treffléan, mais ses origines exactes restent incertaines et alimentées par des récits locaux évoquant une apparition de la Vierge ou l'accomplissement d'un vœu seigneurial. Lieu de pèlerinage dès le XIVe siècle en raison de miracles rapportés, la chapelle a été reconstruite au XVIe siècle sur des bases romanes. Après la dissolution de l'ordre du Temple, elle semble avoir appartenu à l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem. Abandonnée et mal entretenue dans les années 1920, la chapelle a subi l'effondrement du toit de la nef lors d'une tempête en 1924; le processus d'inscription a été déclenché en 1925 et l'édifice a ensuite été restauré, le décor peint ayant toutefois souffert de dommages irréversibles. La chapelle est classée au titre des monuments historiques depuis le 3 octobre 1962.
Le plan suit une croix latine orientée est‑ouest; l'édifice est voûté par une charpente. La nef rectangulaire à vaisseau unique est dallée en damier noir et blanc. La croisée du transept est portée par des arcs en tiers point reposant sur des supports complexes composés de multiples colonnes engagées; certains auteurs y voient une parenté d'inspiration romane tandis que d'autres estiment que ces supports datent des XVe–XVIe siècles, une corbeille portant l'arc triomphal pouvant toutefois être un réemploi sculpté de style plus ancien. Le chœur à chevet plat est éclairé par une fenêtre gothique à remplages.
L'intérieur conserve des éléments de grande valeur : un ensemble de peintures murales datées de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle, principalement sur le mur sud de la nef, présentées en deux registres superposés. À la partie supérieure figurent notamment les pieds d'un personnage vêtu d'une robe, une descente de croix avec Joseph d'Arimathie, la Vierge et saint Jean, la résurrection du Christ se dressant au‑dessus de soldats surpris, et la silhouette d'un Christ en croix près d'une main tenant une hampe. Au registre inférieur apparaissent un personnage attaché à une roue, tête en bas, entouré de trois hommes, une figure identifiée comme saint François, une sainte coiffée de tresses mentionnée comme sainte Cécile, une femme accompagnée d'une inscription incomplète, une mise au tombeau avec deux personnages tenant le linceul et, derrière le Christ, la Vierge et sainte Madeleine, ainsi qu'un personnage accompagné de la mention saint Mande. Par ailleurs, les murs sud et ouest portent une fresque datée de 1594 représentant la Crucifixion et plusieurs saints; le décor peint qui couvrait à l'origine l'entièreté des murs de la nef est aujourd'hui en très mauvais état.
Les sablières, datées de 1524 à 1556, sont sculptées et comportent, entre autres motifs, un renard soufflant dans une cornemuse. La chapelle abrite plusieurs statues en bois polychrome : une Trinité et un Christ (XVIe siècle) et une Vierge à l'Enfant (XVe siècle). L'autel en bois sculpté, de style baroque, est signé et daté de 1788; il comprend un tabernacle en bois peint du XVIIe siècle. Le bénitier est un ancien lec'h creusé.
Un pardon se tient chaque année à Cran le premier dimanche suivant le 15 août, et des concerts sont organisés pendant l'été. Le site s'inscrit dans un ensemble plus vaste : les abords conservent des vestiges de la commanderie et le manoir de Cran, reconstruit en 1671 derrière la chapelle à l'emplacement de l'ancienne commanderie du Temple, ainsi qu'une ancienne stèle gauloise provenant du hameau de Bénerlin. Le hameau comprend également une fontaine datée de 1740, un four à pain et un calvaire à croix bannière.