Chapelle Notre-Dame de Dromon à Saint-Geniez dans les Alpes-de-Haute-Provence

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chapelle

Chapelle Notre-Dame de Dromon

  • Le Bourg
  • 04200 Saint-Geniez
Crédit photo : Hubert DENIES - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

4e quart Xe siècle, 1er quart XIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Chapelle, y compris la crypte et le sol de la parcelle (cad. C 188) : classement par arrêté du 13 février 1997

Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame

La chapelle Notre-Dame de Dromon, située sur la commune de Saint-Geniez dans les Alpes-de-Haute-Provence, s'élève à flanc de rocher et comprend une crypte du Haut Moyen Âge, édifiée autour de l'an 1000. La chapelle elle-même, peut-être contemporaine de la crypte, a été remaniée au XVIIe siècle. La première mention connue remonte à -1030, quand l'évêque de Gap la donne, avec l'église de Saint-Geniez, à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Entre le XIe et la fin du XVIe siècle la chapelle a été ensevelie pour une cause inconnue. En 1656 l'endroit n'était plus qu'un amas de pierres et une croix ; la chapelle avait été oubliée. Selon le récit de la redécouverte, un jeune berger nommé Honoré Masse entendit une voix lui ordonnant de creuser ; il mit au jour le début de la structure, puis le seigneur local organisa un déblaiement qui permit de retrouver les fondations de l'édifice et la crypte. L'évêque de Gap décida alors la reconstruction de la chapelle. Entre la reconstruction du XVIIe siècle et la série de photographies de 1890, la nef collatérale nord et la travée la plus occidentale s'effondrèrent, réduisant l'édifice à sa taille actuelle, et le passage au nord de la crypte disparut ; un contrefort fut édifié pour soutenir le mur nord. Au XIXe et au XXe siècle, l'exode rural et les deux guerres mondiales entraînèrent un fort manque d'entretien et un quasi-abandon du site. En 1974, la statue de la Vierge de l'autel fut transférée à Saint-Geniez, où elle se trouve toujours, puis en 1976 des travaux furent entrepris pour réparer un toit menaçant de tomber : on détruisit alors les voûtes pour permettre la réparation, on obtura l'arc entre la nef et le bas-côté et l'on posa une ceinture de fer et des tirants de sécurité. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1997 et le contrefort nord a été démonté et reconstruit en 2010.

Aujourd'hui la chapelle se compose de deux nefs dont les voûtes ont été abattues en 1976, ainsi que d'une crypte plus ancienne que la chapelle elle-même, bien que sa datation reste incertaine. À cause de sa position sur le flanc de la montagne, l'édifice est orienté vers le sud-est plutôt que vers l'est. La façade porte encore la trace d'un arc en plein cintre qui reliait la première travée des deux nefs à la suivante, et le mur sud prend partiellement appui sur le rocher. Le contrefort nord reconstruit en 2010 supporte des ex-votos, dont trois sont datés de 1656, 1682 et du 21 juin 1761, ainsi qu'une plaque portant l'inscription latine « Santa Maria, ora pro nobis ». Sur le mur côté ravin apparaissent deux emplacements de murs anciens : l'un pourrait correspondre au mur d'un bas-côté aujourd'hui disparu, l'autre, légèrement penché, pourrait être l'emplacement d'un bas-côté reconstruit ou d'un clocher déplacé par le passé. À l'intérieur, aucun élément du XIe siècle n'est apparent ; la nef montre seulement l'amorce de la voûte et, depuis le chœur, le mur nord est visiblement incliné, d'où l'utilité du contrefort. Dans l'angle du chœur se trouve une petite sculpture probablement décorative et d'inspiration XVIIe siècle, et sur l'autel une pierre gravée de cinq croix inscrites dans des cercles marque symboliquement les points cardinaux. La statue en albâtre qui mesurait environ 1,50 à 1,60 m a été transportée à l'église de Saint-Geniez et les boiseries qui l'entouraient sont entreposées dans le bas-côté ; ce bas-côté est séparé de la nef par un mur de ciment destiné à soutenir la voûte mais laissant un interstice qui suggère qu'il n'est pas entièrement porteur. L'abside du bas-côté abrite un retable probablement exécuté peu après 1656 ; son tableau a été volé, mais le décor en bois et ses couleurs subsistent et présentent des motifs spiralés évoquant des ammonites, apparentés aux retables locaux de Saint-Geniez et d'Authon. Contre la façade sont conservés d'autres éléments du mobilier liturgique, tandis que le mur sud, là aussi, s'appuie sur la roche pour gagner en stabilité.

L'escalier qui descend vers la crypte, peut‑être remanié au XVIIe siècle, se situe probablement au même emplacement qu'à l'origine. L'élément le plus ancien de la crypte est la « pierre de fécondité », un bloc rocheux au profil sphérique, lieu de pèlerinage depuis le XVIIe siècle pour les femmes stériles et sans doute associé auparavant à un culte païen ; cette pierre a été endommagée au cours des dernières décennies. Deux chapiteaux en albâtre conservés ou connus par photographie montrent des thèmes de fertilité et d'abondance — l'un avec deux paons, deux têtes de béliers et d'anciens motifs sexuels, l'autre avec entrelacs, gerbe de blé et fruits — tandis qu'un troisième chapiteau a été volontairement mutilé et une quatrième colonne a probablement complété l'ordonnancement primitif. L'autre moitié de la crypte présente une niche qui contenait une pierre en forme de silhouette, trop abîmée pour être identifiée ; la fenêtre orientée à l'est est ménagée de façon asymétrique de sorte qu'au lever du soleil du solstice d'été la lumière forme un cercle au pied de la niche. Côté nord, un passage bouché correspond à une structure externe visible depuis l'extérieur et interprétée comme un puits ou un bassin lié à l'eau ; cet emplacement est voûté en croisée d'ogives alors que le reste de la crypte est en berceau, ce qui témoigne d'étapes de construction ou de remaniement distinctes. Un autre escalier, faisant face à celui qui descend depuis le chœur, devait faciliter la circulation des pèlerins ; il a été effondré à la fin du XIXe siècle et bouché au XXe siècle. Le niveau de sol de la crypte a varié au fil du temps : des fouilles clandestines ont révélé des marches enterrées et la base de certaines colonnes est aujourd'hui masquée, signe d'un comblement et d'aménagements successifs. Enfin, l'assise des pierres du mur est de la crypte n'est pas horizontale, ce qui indique que la partie nord est plus basse que la partie sud, probablement en raison d'un affaissement de terrain. L'accès à la chapelle se fait à pied depuis le hameau de Chabert par un sentier qui rejoint le site perché sur un terrain accidenté.

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