Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception
La chapelle Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception, couramment appelée chapelle de l'Immaculée ou chapelle des Minimes, se situe rue Malherbe dans le quartier Richebourg à Nantes. Elle est fondée à l'initiative du duc François II de Bretagne en 1469, conformément au vœu exprimé par Marguerite de Bretagne avant sa mort. Les travaux de la première phase commencent en 1470 et le chœur est achevé en 1481 ; la chapelle, alors nommée Saint-Antoine-de-Padoue, est inaugurée par l'évêque Pierre du Chaffault. En 1483 François II lègue la chapelle à l'ordre des Minimes fondé par saint François de Paule, donation confirmée en 1491 par Anne de Bretagne et Charles VIII. Jugés trop proches des remparts et confrontés à l'opposition d'ordres déjà établis, les Minimes s'installent provisoirement sur le quai de la Fosse et n'obtiennent l'autorisation d'occuper le site qu'en 1590 ; le duc de Mercœur finance la construction de leur couvent, qu'ils intègrent trois ans plus tard, et ils s'installent définitivement près de la chapelle en 1604. C'est dans cet édifice que le cardinal de Richelieu célèbre en 1626 le mariage de Gaston d'Orléans et de Marie de Montpensier, mariage dont le projet suscita la conspiration de Chalais. Un don de Marie de Médicis permet la reprise des travaux entre 1630 et 1640, et la façade est réalisée vers 1680.
Pendant la Révolution, les biens des Minimes deviennent biens nationaux : le couvent est transformé en filature de coton puis en raffinerie de sucre, tandis que la chapelle sert d'atelier de serrurerie et de parc à fourrage. Rachetée par l'abbé Lusson en 1849, elle prend le vocable d'Immaculée Conception et fait l'objet d'une restauration menée par l'architecte Théodore Nau. La façade est refaite en 1877 sous la direction de l'architecte Bougoüin, qui intervient aussi sur une grande partie de l'intérieur. L'édifice subit des dommages lors d'un bombardement aérien le 15 juin 1944 et fait l'objet d'une restauration en 1946. La chapelle est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 28 octobre 1991. Entre 2001 et 2004, la charpente et la couverture sont restaurées pour un coût d'environ 1 500 000 euros réunis par les collectivités publiques, puis l'intérieur fait l'objet d'une restauration entre 2009 et 2010 financée par le diocèse pour un montant comparable. En 2011 est lancé un projet de restauration de la façade ouest et du parvis, dont le coût envisagé dépasse légèrement 1 500 000 euros, tandis que la restauration des autres façades est à l'étude ; l'ensemble de ces opérations est conduit par l'architecte du patrimoine Filâtre. Lorsque la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul est en restauration, les célébrations peuvent se tenir dans cette chapelle.
L'édifice est construit en granite et tuffeau ; ses dimensions extérieures sont de 43 mètres de longueur, 25 mètres de largeur et 22 mètres de hauteur, la hauteur sous voûte atteignant 13,50 mètres. L'intérieur présente un style gothique flamboyant et la partie la plus ancienne est le chœur, dont la construction est contemporaine des travaux de la cathédrale voisine. Le plan respecte la croix latine classique, avec travée de nef, travée de chœur, deux chapelles latérales et une abside à trois pans, et les voûtes principales sont fortement accentuées, conformément aux caractéristiques de l'architecture gothique du XVe siècle ; certains auteurs y voient l'influence de Mathurin Rodier ou d'un de ses assistants.
Le décor comporte des vitraux évoquant notamment le mariage de Gaston d'Orléans et de Marie de Montpensier ; le chœur présente trois ensembles de verrières représentant à gauche l'Assomption de Marie, au centre le couronnement de la Vierge accompagné en partie basse de scènes telles que la fuite en Égypte, Jésus retrouvé au temple, la crucifixion avec Marie et saint Jean, et la dormition, et à droite l'Immaculée Conception avec en partie basse la représentation du péché originel, d'Adam et Ève et du fruit défendu, du serpent et de l'expulsion du jardin d'Éden. Parmi les chapelles intérieures, la chapelle dite du suffrage comporte un retable, la chapelle de la Vierge abrite une peinture représentant la première apparition de la Vierge à sainte Bernadette, et la chapelle du Sacré-Cœur présente un autel et un tabernacle en marbre blanc. La partie instrumentale de l'orgue, restaurée en 1865 par Louis Debierre, est classée au titre des monuments historiques depuis le 17 mars 2008. Parmi les éléments remarquables figurent également le chœur, la sacristie, une peinture du pape Pie IX, la façade occidentale et des détails sculptés ainsi que la statue de Notre-Dame de l'Immaculée Conception.