Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-la-Clarté
La chapelle Notre‑Dame‑de‑la‑Clarté à La Clarté, Perros‑Guirec (Côtes‑d'Armor, Bretagne), est dédiée à la Vierge Marie. Une inscription découverte sur le deuxième pilier nord lors de la suppression de la chaire indique que le chantier débuta en 1445 ; R. Couffon identifia le promoteur des travaux comme Guillaume Quintin, prêtre. Un procès‑verbal de 1629 signale dans la maîtresse‑vitre les armes de Bretagne sur le panneau supérieur et, en dessous, celles de la famille de Coëtmen, représentée alors par Roland V, familier du duc Jean V. Les travaux se poursuivaient en 1463, date à laquelle Jean du Parcneuff légua deux rannées de froment à l'œuvre de Notre‑Dame‑de‑la‑Clarté. Au troisième quart du XVe siècle, la famille de Lannion ajouta au sud du chœur une grande chapelle seigneuriale alignée sur le chevet et le porche méridional ; le commanditaire probable est Roland de Lannion, seigneur du Cruguil et premier écuyer du duc. Le garde‑corps qui couronne la tour fut édifié après 1594 avec des matériaux provenant du château de Ploumanac'h, détruit cette année‑là, et la flèche hexagonale n'est vraisemblablement pas antérieure à 1645. Les lambris de la nef furent refaits et repeints en 1712, et une sacristie carrée fut ajoutée en 1828 au nord de la travée orientale du bas‑côté. En 1873 la foudre frappa la flèche, réduisant sa hauteur et provoquant une lézarde dans le clocher ; l'incendie affecta les boiseries et la toiture, et Guillaume Lageat, architecte à Lannion, dirigea la restauration. Des travaux de rejointoiement intérieurs eurent lieu en 1930 ; lors de la suppression des badigeons on retrouva la porte, depuis l'escalier du clocher, qui desservait autrefois une tribune. La chapelle subit un incendie en 1995 et fit l'objet de restaurations dans les années suivantes ; malgré une réfection de la toiture entre octobre 2020 et mars 2021, des infiltrations apparurent en 2022 et un effondrement partiel de la charpente entraîna la fermeture de l'édifice par arrêté municipal le 3 mai 2023. L'édifice rassemble quatorze tableaux du chemin de Croix réalisés par Maurice Denis. La tradition locale rapporte qu'un seigneur de Barac'h, sauvé d'un naufrage près des Sept‑Îles, fit édifier la chapelle en ex‑voto après une percée du brouillard attribuée à Notre‑Dame. Selon des témoins de 1627, les armoiries présentes dans la maîtresse‑vitre et l'écusson au sommet du pignon oriental appartiennent à Roland IV de Coëtmen, parti en croisade en 1458 ; les archives départementales confirment Roland IV comme fondateur et indiquent que ses biens passèrent ensuite aux Coskaër de Rosanbo. De style flamboyant breton, la chapelle présente des singularités qui participent à son harmonie : un transept méridional unique, une tour carrée surmontée d'un clocher ajouré en granit rose et un enclos où se trouvent un socle de granit du XVIIe siècle muni d'un tronc en bois ferré pour les offrandes et une croix érigée par maître Guillaume Salaün en 1630. Le linteau du porche montre une Annonciation faisant face à une Pietà, tandis qu'autour d'une fenêtre à meneaux on lit l'inscription « Le Carro », des armoiries effacées et, plus haut, une Vierge‑Mère. Le porche, dallé de schiste de Brélévenez et voûté d'ogives, abrite des statues polychromes du XVIIe siècle représentant la Vierge à l'Enfant, sainte Anne instruisant Marie, saint Pierre et les quatre évangélistes ; les vantaux de la porte en chêne, classés Monuments historiques en 1994, portent des représentations du Baptiste, de Pierre, de l'Annonciation, de la Vierge à l'Enfant et de saint Paul. Dans la nef, on relève la trace d'un ancien jubé du XVe siècle et la disparition de la chaire ; l'entrée est ornée d'un bénitier du XVe siècle, classé en 1904, sculpté de têtes de Turcs ou de Maures rappelant la prise de Constantinople en 1453, avec d'autres motifs symboliques, et une pierre au sol rappelle la sépulture du chanoine Gouronnec. Le grave incendie de 1995 provoqua l'effondrement d'une partie de la voûte le 26 mai 2000 ; la voûte restaurée en 2006 est en bois, en forme de carène renversée, peinte principalement en jaune et mise en valeur par un éclairage contemporain discret. Les ex‑votos de marins comprennent des maquettes de bateaux, dont le brick L'Hériment inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1994, un paquebot inscrit en 1983, ainsi qu'un wandera, un yacht à vapeur, un thonier et un trois‑mâts barque. Le transept droit, appelé aussi chapelle Saint‑Joseph ou Saint‑Samson, doit son origine à Yvon de Lannion, lieutenant général de l'amirauté du duc de Bretagne ; la famille de Lannion fut anoblie par Charles V à la suite des ravages causés par les Anglais. Le mobilier rassemble de nombreuses statues — saint Fiacre, sainte Anne du XXe siècle réalisée par un couple d'artistes du Finistère, saint Yves entre le riche et le pauvre, ainsi que des saints locaux dans le transept — un retable du XVIIIe siècle commandé à partir de 1767 et une statue de la Vierge du XVIe siècle classée en 1999. Les vitraux du XXe siècle, réalisés par l'atelier Sainte‑Marie de Quintin, comportent notamment une grande maîtresse‑vitre ornée d'armoiries. Le Chemin de Croix de Maurice Denis, peint après la fondation des Ateliers d'art sacré, développe quatorze tableaux aux tonalités claires et pastel mêlant références historicistes et accents orientalistes. La chapelle et le mur entourant le cimetière attenant sont classés au titre des monuments historiques depuis le 30 mars 1904 ; cette protection fut modifiée par décret le 28 mai 1915. Le pardon de Notre‑Dame‑de‑la‑Clarté, né au XVe siècle comme rite pénitentiel lié à la dévotion mariale, comporte une veillée la veille, une procession vers le tertre où l'officiant allume le « tantad » d'ajoncs, la messe épiscopale du 15 août et des processions rassemblant les paroisses voisines, et se clôt par un Salut au Saint‑Sacrement, des remerciements, la bénédiction des enfants et des chants dont le Kantig ar Bugel. Des évêques invités assurent la présidence du pardon ; parmi les pardonneurs récents figurent Mgr Denis Moutel en 2010, Mgr Jacques Noyer en 2011 et Mgr Bernard Barsi en 2012.