Origine et histoire
La chapelle Notre-Dame-de-la-Vie, située dans la Vallée des Belleville sur la commune déléguée de Saint-Martin-de-Belleville (Les Belleville, Savoie), a été édifiée en 1633 et 1680 et classée au titre des monuments historiques le 12 février 1949. Sanctuaire à la fois religieux et touristique, elle est un site majeur de la vallée et attire chaque année de nombreux visiteurs. Elle constitue une étape des Chemins du Baroque, itinéraire culturel dédié à l'art baroque savoyard et à la vie des communautés de montagne de l'époque. Le renouveau religieux issu du Concile de Trente a permis l'expression des techniques baroques dans l'ornementation des églises, notamment la sculpture, la dorure et la polychromie, souvent réalisées par des artistes piémontais. Les retables, dont celui du maître-autel de Saint-Martin, expriment cette esthétique baroque. L'édifice présente un plan en croix grecque, un dôme central et trois chapelles polygonales rayonnantes. Il abrite trois retables, dont un daté de 1636 et considéré comme le plus ancien de la Tarentaise. Une restauration en cours vise à consolider la croisée du transept, la coupole, les arcs et les piliers. La chapelle est également connue pour son rôle de sanctuaire à répit, pratique destinée à permettre le baptême des nouveau-nés morts ou mort-nés. Face aux difficultés théologiques liées au limbus puerorum et aux refus de certains clercs, ces sanctuaires offraient la possibilité, par une brève reprise apparente de vie, qu'un prêtre administre le baptême. À Saint-Martin-de-Belleville, un ancien bloc de pierre associé à une source sacrée et remontant au Néolithique fut christianisé sous le vocable de Notre-Dame-de-la-Vie, faisant progressivement de ce lieu un sanctuaire à répit. Les archives indiquent que cette pratique culmina au cours des années 1600 ; un procès-verbal de 1664 rapporte que le curé vit l'enfant ouvrir la bouche et le poing, ce qui permit de prononcer la formule « Si vous êtes en vie, je vous baptise ». Malgré la réticence d'une partie du clergé, la statue ancienne fut déplacée dans le mur d'une chapelle plus récente, sans que les dévotions populaires ne cessent. Le culte de Notre-Dame-de-la-Vie atteignit son apogée jusqu'au XVIIIe siècle, période au cours de laquelle de nombreuses peintures murales représentant des guérisons miraculeuses furent exécutées dans la chapelle. Un témoin de 1930 décrit des pèlerines plongeant des draps propres dans l'eau pour s'éponger le visage, les yeux et la poitrine, et les autorités ecclésiastiques n'ont retiré l'ancienne statue de la dévotion populaire qu'en 1960 pour la placer à l'abri dans une galerie fermée de l'église.