Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame de Languivoa
La chapelle Notre‑Dame de Languivoa, située sur la commune de Plonéour‑Lanvern dans le Finistère, est représentative de l'école de Pont‑Croix et son édifice actuel est daté de la fin du XIIIe siècle. L'édifice présente un plan à trois nefs avec transept ; la chapelle dépendait autrefois d'un prieuré, ce qui explique la présence d'un bâtiment d'habitation accolé au mur sud ayant servi de logement au prieur. Les piliers et les arcs de la nef témoignent d'interventions du XVe siècle, tandis que le chœur relève du XIIIe ou du XIVe siècle. La fondation est attribuée aux seigneurs de Lescoulouarn à la fin du XIVe siècle et d'importants travaux d'arcades du chœur, de construction de la nef et des bas‑côtés furent entrepris à partir de 1634 par Jacques l'Honoré, recteur de Plonéour. Le clocher fut découronné sous Louis XIV et semble avoir été détruit en 1675 ; on relève plusieurs inscriptions sculptées sur l'édifice, notamment « CURA NOBILIS IAC LHONORE RECTORIS 1634 » à la porte sud de la nef, « CE CLOCHER FUT FONDE LE 1638 MATHIAS LE DROASEC EST ANT FABRIQUE » au portail ouest et, sur le contrefort sud, « CE PORTAIL (IL) FV ACHEVE LE 10ME OCTOBRE 1638 NOBLE ME IACQ LHONORE RECTEUR ». La chapelle abrite une statue en albâtre polychrome, datée de la fin du XIIIe siècle, représentant Notre‑Dame de Languivoa en Vierge allaitante, l'une des plus anciennes statues de Cornouaille. Les trois nefs, leurs arcades très fines, les piliers formés de faisceaux de colonnettes, les chapiteaux ciselés et les arcs à double archivolte, dont certains en ogive, constituent un ensemble remarquable. Une croix est mentionnée comme pouvant dater du XVIe siècle.
La tradition locale rapporte une légende selon laquelle une demoiselle guérie après un vœu fit construire la chapelle avec l'aide de deux bœufs blancs, et que deux cloches d'or lui furent offertes ; pendant la Révolution, l'ordre de faire fondre les cloches provoqua une tentative d'enfouissement locale qui, selon la tradition, empêcha leur récupération.
Devant la tour‑clocher, une cache étudiée en 1973, probablement datable de la fin du Moyen Âge ou du début des Temps modernes, a été mise au jour : la partie ouest visible mesure 7,58 mètres sur 3,5 mètres, ses murs sont en schiste appareillé à la glaise, et un orifice donne accès à un puits vertical menant à une petite salle parallélépipédique de 2,40 m sur 1,40 m dont seules les parois est et ouest sont maçonnées ; on suppose qu'on y descendait par une échelle, et cette découverte confirme l'existence d'une chapelle antérieure à l'édifice actuel.
Au milieu du XXe siècle la chapelle était très dégradée, envahie de lierre, avec vitraux brisés et toiture en ruine ; jusqu'en 1940 la messe y était encore dite lors des grandes fêtes, notamment celles de la Vierge, et le pardon se tenait à la Trinité, mais réparations et entretien devinrent excessifs pour le clergé et la commune. Une concession d'indulgence pour les contributeurs aux réparations avait été accordée par Rome en 1881 et, à l'époque, fut même envisagé un transfert de la chapelle vers les quartiers récents de Pont‑l'Abbé.
L'intérêt porté à l'édifice reprit en 1967 lorsque Denis Ménardeau, professeur à Nantes, entreprit avec ses élèves des travaux de sauvegarde qui, année après année, ont permis d'éviter la ruine ; il reçut à deux reprises le prix « Chefs‑d'œuvre en péril », et le président Georges Pompidou visita la chapelle et fit un don. En 1983 le conseil général du Finistère et la commune décidèrent la restauration complète de la charpente, de la couverture, des menuiseries et des vitraux, confiée à l'architecte Rémi Le Berre ; le maître‑charpentier Jean‑François Malthête entreprit la charpente en février 1983 pour environ onze mois et demi et réalisa également les menuiseries. Un film réalisé en 1993 relate cette restauration. Classée au titre des monuments historiques depuis le 4 février 1926, la chapelle a vu sa restauration achevée en 2017, ce qui a permis la reprise du pardon célébré dans l'édifice après de longues années, alors qu'il se tenait auparavant sur le placître.
Parmi les éléments visibles aujourd'hui figurent le calvaire situé à proximité, diverses vues extérieures et intérieures de la chapelle, les piliers et plusieurs statues dont un groupe de saints Côme et Damien avec leur cheval, une statue de saint Herbot et la Vierge allaitante.