Origine et histoire
La chapelle Notre-Dame-de-Pitié est une ancienne chapelle de Serrières, en Ardèche, située près de la place du Tromph, rue du Vieil-Hôpital. L’ancien clocher, aujourd’hui appelé tour des Pénitents, est encore visible sur la place du Tromph. Lors des guerres de Religion, le château, sa chapelle et une cinquantaine de maisons de ce quartier furent détruits par des soldats protestants. Après le retour de la paix, les habitants de Serrières-Nord souhaitèrent retrouver des pratiques locales et réclamer un lieu de culte propre ; le 20 février 1619 il fut décidé de construire une chapelle au lieu-dit de Serrières, « où est le présent Hôtel-Dieu », près du ruisseau de Vergelet. La chapelle, hâtivement édifiée la même année, fut érigée sous le vocable de Notre-Dame-de-Pitié et un prêtre en fut chargé. En 1663, on exhaussa la tour de l’ancien Hôtel-Dieu pour en faire le clocher de la chapelle et l’on ajouta une lanterne destinée à recevoir une cloche et une horloge. L’horloge fut fabriquée par François Deleau, horloger originaire de Tours et résidant à Romans, qui avait déjà réalisé des machines pour Vanosc et Bourg-Argental ; elle ne comportait qu’une seule aiguille et son prix fut fixé à 310 livres, marteau compris. La lanterne a été démolie en 1872 ; la cloche fut refondue et donnée au nouvel hôpital-hospice, où elle est visible à l’entrée. La tour subsiste encore, de même que, probablement, le mécanisme de l’horloge. Les habitants du nord continuaient toutefois d’ambitionner le transfert du siège de la paroisse ; en 1668 le prieur de Saint-Sornin autorisa l’interdiction du culte à Serrières en jugeant le lieu indécent et l’église du sud fort méprisée. Les autorités du nord offrirent alors un emplacement central pour la construction d’une nouvelle église, composé d’un verger appartenant à la Confrérie des Pénitents et d’un jardin appartenant à Duport, obtenu par échange ; les pénitents acceptèrent la cession à la condition que des piliers et une tribune soient aménagés devant l’entrée principale pour y exercer leurs offices à perpétuité, condition qui fut retenue. Les travaux ne commencèrent qu’en 1699, sous le curé M. Bertholon, et le 28 septembre 1702 l’archevêque de Vienne vint bénir la nouvelle église et y célébrer la première messe. L’ancienne chapelle fut alors définitivement interdite et vendue quelques années plus tard pour 200 livres, à la condition expresse que « la tour soit préservée ». L’édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1984.
