Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-Pitié
La chapelle Notre-Dame de Pitié est une chapelle rurale isolée située au Val, dans le département du Var, au col de Notre-Dame à la limite de la commune de Brignoles, adossée à la route départementale RD 554. On y accède par un chemin de procession bordé d'oratoires. L'édifice présente un plan rectangulaire avec des pans coupés au chevet et se compose de deux travées correspondant à un corps ancien, à l'arrière, et à une extension plus récente en façade. La partie arrière pourrait correspondre à une première chapelle, éventuellement dénommée Notre-Dame de Clivio et d'origine médiévale. Entre 1630 et 1668, un grand auvent puis la construction qui subsiste aujourd'hui ont été réalisés, mais les décorations, notamment celles en coquillages, n'ont pas pu être datées avec précision à cause de documents d'archives rares. Il est possible que l'autel et ses décors soient antérieurs à cet agrandissement et que leur réputation ait favorisé l'augmentation de la capacité pour accueillir les fidèles. L'édifice possède deux portes en façade, particularité plus fréquente sur des voies de pèlerinage, et une porte ouest, aujourd'hui rebouchée, donnait autrefois accès au presbytère aujourd'hui disparu. La façade comporte des niches d'inspiration romane, une niche à chapiteau qualifiée plutôt du XVIIIe siècle, et une Pietà en bas-relief datée de 1659 qui rend hommage à la mort du frère Barthélémy de Sainte-Croix ; cette Pietà est entourée d'éléments gothiques et surmonte un bas-relief figurant une vigne. Des liserés de coquillages et des scories noirs ornent la façade et les cinq niches hautes, et la présence de coquilles Saint-Jacques en décor de façade évoque la fréquentation pèlerine. À l'intérieur, l'arc triomphal et l'abside sont richement ornés de coquillages et de scories composant rinceaux, vases et autres compositions décoratives ; l'emploi de coquillages dans un décor religieux est exceptionnel. L'autel et l'abside comportent environ 9 000 coquillages de près de trente espèces issues du littoral méditerranéen, disposés en cornucopias, feuilles de laurier, rosaces et bouquets en vase autour de la reconstitution du Golgotha. Ce "mont" est un assemblage de morceaux de tuf haut d'environ 1,70 m et long d'environ 2 m, creusé d'une petite grotte garnie de coquillages où se trouvait une statuette de Pietà ; la scène est insérée dans une abside de 3,5 m de hauteur pour un mètre de profondeur. Des bougeoirs et des vases qui meublaient l'autel, eux aussi décorés de coquillages, ont disparu après avoir été volés, tandis que croix, figurines et outils du Calvaire figuraient parmi les éléments sculptés ; deux crânes humains étaient également disposés aux angles arrière du socle du "mont", et l'un d'eux pourrait être lié à Marie Gavotte, décédée en 1674, sous le cercueil de laquelle un liard daté de 1698 a été trouvé. La chapelle a accueilli des pèlerinages, notamment une messe de confirmation parcourant un chemin de croix composé de quatre oratoires à chapiteaux d'inspiration romaine, dont trois ont fait l'objet de travaux de restauration. La chapelle de Notre-Dame de Pitié fait partie d'un petit ensemble de monuments en France décorés de coquillages et présente des analogies avec la baume Joachim de Barjols, qui montre des aménagements et un autel ornés de coquillages et de scories. Les quatre oratoires liés à la chapelle ont été inscrits au titre des monuments historiques le 16 décembre 1998, puis la chapelle a été protégée dans son ensemble par un classement le 1er mars 2000.