Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern dans le Morbihan

Patrimoine classé Patrimoine religieux Chapelle gothique

Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern

  • Quelven
  • 56310 Guern
Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern
Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern
Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern
Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern
Chapelle Notre-Dame-de-Quelven de Guern
Crédit photo : Sonja Pieper - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XVe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

L'église : classement par liste de 1840 - La Scala Sancta (cad. ZV 5), telle que représentée en rouge sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 20 janvier 2014 - La fontaine Notre-Dame de Quelven (cad. ZM 121), telle que représentée en bleu sur le plan annexé à l'arrêté : classement par arrêté du 20 janvier 2014

Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-de-Quelven

La chapelle Notre-Dame de Quelven, sanctuaire marial de la paroisse de Guern, occupe le sommet d’un étroit plateau au lieu-dit Quelven, dans le Morbihan. Le nom du site, apparenté aux mots latins cella ou collis et au breton kel et guen, suggère l’idée d’un « enclos blanc », d’une « colline sacrée » ou d’un « sanctuaire de la Blanche », allusion possible à la Vierge. Une tradition légendaire rattache l’origine du lieu à un geste de la Vierge Marie, qui choisit l’emplacement en jetant une boule ; une autre légende évoque le mell benniget, boule de pierre associée à l’Ankou et aux mourants. La chapelle est mentionnée dès 1401 et reçoit des indulgences en 1451 ; le pardon de l’Assomption, célébré le 15 août, en a fait un important lieu de pèlerinage. Reconstruite à la fin du XVe siècle par l’atelier qui travaillait à la cathédrale de Vannes, elle fut agrandie et entretenue par les vicomtes de Rohan et les seigneurs de Rimaison afin d’accueillir de nombreux pèlerins ; la nef fut achevée vers 1510 et la voûte remplacée par un lambris en 1582. Le clocher-porche, longtemps l’un des plus élevés de Bretagne, s’effondra en 1837 et fut reconstruit entre 1841 et 1865, son élévation ayant été réduite pour des raisons d’économie et de stabilité. L’église est protégée au titre des monuments historiques depuis 1840 ; la fontaine et ses bassins sont inscrits en 1925, la Scala Sancta en 1929, et l’if du placître, âgé de plus de trois cents ans, est classé depuis 1931.
La chapelle a la forme d’une croix latine, longue de 28 mètres et décrite comme haute de 70 mètres ; elle comprend une nef de trois travées, des bas-côtés sur les dernières travées et un chevet à trois pans. L’extérieur présente un décor gothique flamboyant : une galerie supérieure ajourée, dix-sept gargouilles, cinq grands pignons finement ouvragés sur la façade sud et une façade nord plus sobre, flanquée d’un appentis destiné aux offrandes et aux réunions de fabrique. Le clocher-porche occidental s’élève sur trois étages ornés d’arcatures, de rosaces, de niches et de galeries, couronné par une flèche pyramidale et accompagné de clochetons et d’une tourelle polygonale. Le chevet, d’esprit Beaumanoir, est cantonné de contreforts à pinacles fleuris et adossé à une sacristie octogonale du XVIIIe siècle.
À l’intérieur, la nef est lambrissée tandis que les travées et le transept sont voûtés en pierre ; une tribune seigneuriale de style Renaissance porte les blasons des familles de Rohan et Rimaison. Les onze fenêtres en arc brisé présentent des remplages, dont quatre à motif fleurdelisé, et reposent sur des culots sculptés d’animaux ou d’acrobates. Des verrières modernes éclairent le chœur, représentant notamment la remise du rosaire, l’Étoile du matin et l’Assomption ; deux vitraux anciens du XVIe siècle subsistent, dont une Présentation des apôtres et un Arbre de Jessé. Les murs sont en granites variés issus du batholite de Pontivy et blanchis au lait de chaux pour mettre en valeur les boiseries néogothiques du chœur.
Le mobilier est riche : la « Vierge ouvrante », exposée ouverte lors du Grand Pardon, forme un triptyque sculpté de scènes de la Passion, de la Résurrection et du Jugement dernier ; un panneau d’albâtre anglais du XVe siècle représente le couronnement de la Vierge par une Sainte Trinité singulière ; un groupe en bois polychrome montre saint Georges terrassant le dragon. Un ex-voto en forme de maquette de vaisseau rappelle un miracle maritime et fut offert à Quelven en 1750. L’orgue baroque, construit par Henri‑Auguste Brière en 1709–1710, élevé sur une tribune, compte trois claviers, vingt-cinq jeux et 1 738 tuyaux ; son buffet en chêne polychrome est orné de statues et a fait l’objet d’une restauration en 2000. L’association « Les Jeudis de Quelven » anime depuis 2001 un festival d’orgue et d’autres manifestations sur le site.
Sur le placître, la Scala Sancta forme une loggia carrée coiffée d’un dôme à quatre pans, accessible par deux escaliers courbes à balustres ; elle sert d’oratoire avec autel et de chaire à prêcher et abrite plusieurs statues et un Christ gisant sous une dalle monolithique, lieu que la tradition appelle « le tombeau ». En contrebas, la fontaine flamboyante de la vallée, composée de deux bassins et d’une niche abritant une Vierge sur une console en forme d’ange, est entourée d’une enceinte en pierre de taille et accessible par un perron polygonal. Les bases cylindriques devant la fontaine témoignent d’un ancien toit d’ardoise qui abritait autrefois les pèlerins assis et servait de petit lavoir, pratique confirmée par des dessins et des répertoires du XIXe siècle. Enfin, les cérémonies du pardon conjugent messe en français et en breton, procession de la « Vierge ouvrante », descente de l’ange pyrophore depuis le clocher et l’embrasement du tantad, dont les tisons sont conservés comme porte‑bonheur par les pèlerins.

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