Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-des-Vertus
La chapelle Notre‑Dame‑des‑Vertus se situe au nord‑ouest de La Flèche, près du cimetière Saint‑Thomas et de l’avenue Rhin‑et‑Danube. L’occupation du site remonte à la fin de l’Antiquité, lorsque la villa gallo‑romaine à l’origine du quartier Saint‑Jacques a fait naître un sanctuaire primitif dédié à saint Ouen. L’église Saint‑Ouen est mentionnée en 1087 et fut donnée aux moines de l’abbaye Saint‑Aubin d’Angers la même année ; elle fut en grande partie reconstruite au tournant des XIe et XIIe siècles, comme en témoignent le portail occidental roman et des portions des murs de la nef et du chœur. Le déplacement du centre urbain vers le château au début du XIIe siècle et la fondation du prieuré Saint‑Thomas en 1109 n’entraînèrent pas l’abandon immédiat de l’édifice, qui passa au XIVe siècle sous le vocable de saint Barthélemy et dépendit du prieuré. Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, sous l’impulsion probable des Jésuites du collège de La Flèche, l’édifice prit le nom de Notre‑Dame‑des‑Vertus et fit l’objet d’importants travaux de restauration. En 1645 le maître maçon Julien Le Baillif remania partiellement le mur nord de la nef et fit édifier une sacristie au nord du chœur ; le lambris fut posé en 1649 et les bras du transept semblent aussi dater de cette période. Mis en vente comme bien national à la Révolution, il fut acquis en 1794 puis rendu au culte l’année suivante, avant d’être progressivement remis à la fabrique de Saint‑Thomas au XIXe siècle ; la chapelle devint chapelle de secours en 1835. Vers 1852 elle fut profondément remaniée, probablement sous la direction de l’architecte jésuite Stanislas Tournesac, avec la pose d’un auvent sur la façade occidentale, l’ouverture de pignons, l’édification d’un campanile, la création d’une sacristie au sud du transept, l’allongement des bras du transept, la réalisation d’absidioles et l’aménagement d’une tribune ; la tribune et l’arc triomphal reposent sur des colonnes provenant du retable de l’église Saint‑Thomas. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les vitraux furent soufflés en 1944 puis restaurés après la Libération, et une campagne de consolidation du petit clocher et de restauration de la voûte lambrissée eut lieu entre 1965 et 1967. En 1993 la tombe des descendants de Jérôme Le Royer de La Dauversière fut transférée devant l’entrée de la chapelle.
La chapelle présente un plan simple : une nef unique flanquée de deux chapelles latérales et un chœur à chevet plat à trois pans, séparés par un arc diaphragme. L’accès se fait par le portail roman à voussures du XIIe siècle, construit en calcaire blanc et grès roussard et protégé par l’auvent ajouté au XVIIe siècle ; c’est aussi à cette époque que furent relevés les murs de la nef et ajoutées les chapelles latérales.
Le décor et le mobilier datent principalement de la seconde moitié du XVIIe siècle, période des travaux jésuites, et répondent à une intention pédagogique liée à la Contre‑Réforme, avec une prédominance de représentations de la Sainte Famille. Des statues en terre cuite, dont une Vierge à l’Enfant provenant du Collège de La Flèche, et des groupes tels que l’Éducation de la Vierge ornent l’arc diaphragme ; une statue de saint Joseph et l’Enfant figure en vis‑à‑vis de la chaire. Les murs de la nef conservent des peintures des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment une Éducation de la Vierge attribuée à Pierre Besnard I vers 1670, une Annonciation anonyme du début du XVIIe siècle, une Déploration du XVIIIe siècle et une toile représentant Jésus au Jardin des Oliviers. La voûte lambrissée porte un décor peint de cœurs, motifs végétaux et litanies mariales inscrites dans des médaillons circulaires ; au centre figurent le monogramme IHS et une dédicace abrégée à Marie, et l’un des médaillons évoque la « Civitas Refugii ».
Le retable du chœur, en pierre de tuffeau, s’appuie sur quatre pilastres en marbre noir de Solesmes aux chapiteaux dorés et abrite la statue en terre cuite de la Vierge à l’Enfant encadrée par des statues de saint Louis de Gonzague et de saint Stanislas Kostka. La chaire en bois du XVIIe siècle, richement sculptée, provient de la chapelle du prieuré de l’Ordre de Fontevraud. Des lambris sculptés de style Renaissance, apportés en 1848 depuis le château du Verger et l’église Sainte‑Croix, ornent la nef et le chœur ; l’un des vantaux de la porte d’entrée porte un bas‑relief dit du « guerrier musulman » daté de la fin du XVe siècle, plus ancien élément de décor de la chapelle. Les vitraux du chœur et des chapelles sont l’œuvre du maître‑verrier Antoine Lusson en 1848 : la verrière du chœur figure les quatre vertus cardinales et les trois vertus théologales, la baie de la chapelle sud représente la Présentation de Marie au Temple et celle de la chapelle nord une Pietà.
La chapelle est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 18 janvier 1934 ; les boiseries et la porte du « guerrier musulman » avaient été classées au titre des objets le 29 décembre 1906. Par ailleurs, plusieurs tableaux, sculptures et éléments de mobilier ont fait l’objet d’inscriptions ou de classements entre 1989 et 1994. La chapelle est ouverte au public tous les jours de 10 h à 17 h et des célébrations y ont lieu les jeudis, du 1er mai au 31 octobre.