Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-des-Vignes
La chapelle Notre-Dame-des-Vignes de Visan, dans l'enclave des papes, est un lieu de culte rural dont la construction primitive est datée de la première moitié du XIIIe siècle. Elle porta jusqu'au XVIIIe siècle le nom de Notre-Dame-d'Entre-les-Vignes et fut placée sous la responsabilité de rectoresses. Elle demeure un lieu de pèlerinage pour la Confrérie Saint-Vincent de Visan, qui, lors de son chapitre d'été, bénit un pied de vigne, la « souco », en espérant une bonne vendange ; la cérémonie se déroule en présence du roi, de la reine et du lieutenant nouvellement élus de la confrérie. Des vestiges d'époque romane subsistent à proximité et, dans les murs extérieurs de la chapelle actuelle, deux pierres réemployées portent des inscriptions lues BIIT / QAR / RPT et VIIK / APLT, dont la graphie est datée entre la première moitié et le milieu du XIIIe siècle. La chapelle, reconstruite, est citée pour la première fois en 1492 sous le nom de Notre-Dame-d'Entre-les-Vignes. Le chœur fut construit en 1508 par André Colombet. Le clocher sur la façade fut achevé en 1514 par Claude Thénot, de Valréas. Un vœu d'Antoine de Piolenc, consul de Visan, fut formulé le 25 août 1629 pour protéger la ville de la peste. Le chœur fut restauré et décoré à partir de 1637. En 1731, des dominicains s'installèrent à Notre-Dame-des-Vignes et construisirent le couvent qui occupe l'emplacement de la chapelle romane ruinée. La nef, couverte d'une charpente, fut fortement endommagée par le débordement du torrent voisin en 1753 et réparée à plusieurs reprises. En 1777, un marché fut passé avec les maçons et plâtriers Augustin Geoffroy et Jean-Pierre Pellissier, de Visan, pour établir une fausse voûte en berceau de la nef sur des doubleaux en pierre de Beaumes-de-Venise, élever un clocher sur la sacristie et refaire le porche et la porte ; un culot de la nef porte la date 1778. Un cadran solaire fut rapporté en 1876. Le porche fut reconstruit en 1911, sa voûte remplacée par une charpente en 1927. Depuis 1975, une communauté de dominicaines vit à demeure dans le couvent jouxtant la chapelle du XVe siècle. L'entretien des bâtiments a été assuré par les rectoresses de la communauté de Visan et le service religieux a été rendu successivement par des ermites ou des religieux. La chapelle a été classée au titre des monuments historiques le 23 août 1990. De la moitié du XVe siècle jusqu'à la Révolution, l'administration de la chapelle fut confiée à deux rectoresses annuelles, dont les noms sont consignés dans les archives. Les archives mentionnent des rectoresses dès Marguerite Marcheyer (1450-1500) et jusqu'à Rose Vigne en 1794, illustrant la continuité de cette pratique. Les rectoresses étaient désignées chaque année par le curé, assisté de celles qui quittaient leur charge ; l'une détenait la clef du tronc et l'autre réglait les dépenses. Pour les dépenses excédant trente sols, l'accord des deux rectoresses, du curé et du premier consul de Visan était requis ; les sommes inférieures pouvaient être engagées avec l'accord du curé et d'une rectoresse. La rectoresse dépositaire des fonds rendait compte annuellement de sa gestion, approuvée par sa collègue, le curé, les consuls et les successeurs élus. Fondée en 1475, la Confrérie Saint-Vincent de Visan possédait une chapelle hors du village et organisait chaque 22 janvier une procession à laquelle les confrères devaient participer, précédée d'une bravade. À partir du XVIIIe siècle, la cérémonie de la souche s'ajouta à cette procession ; elle est mentionnée pour la première fois en 1714, jugée païenne par le clergé et supprimée en 1735. Lors de la renaissance de la confrérie, en août 1978, les membres choisirent Notre-Dame-des-Vignes comme lieu de pèlerinage pour leur chapitre estival, qui se déroule le troisième dimanche de juillet. L'arc triomphal de la chapelle porte l'inscription Posuerunt me custodem in vineis. Sur le parvis, après un sermon prononcé en provençal, le curé bénit la souche de vigne ; le cep est ensuite rapporté sur la place du Marot pour y être brûlé devant les ruines du château delphinal.